ECONOMIE
Formation professionnelle : en boulangerie, des refus de prise en charge en cascade
La crainte exprimée par toute une filière s'est matérialisée : les conditions de financement des actes de formation par l'Opérateur de Compétences des Entreprises de Proximité (OPCO EP), et plus spécifiquement sa branche boulangerie, ont été considérablement revues à la baisse, compte tenu de la baisse drastique de dotation annoncée en avril dernier. Dans un document de 12 pages, l'organisme détaille des barèmes peu avantageux... qui occulte une situation encore plus complexe pour les acteurs de la formation professionnelle.
Non seulement la limite de formation passe de 7 500€ à 3 000€ HT pour les entreprises de moins de 11 salariés, mais les délais de traitement sont "très longs par rapport à ceux annoncés", avec "des refus de demandes de prise en charge comme il y a 2 ans" selon Marie Clidière, responsable du centre de formation Atelier m'alice. Face à cette situation, de telles structures et leurs clients sont grandement affectés : les petites entreprises, qui composent une grande partie du tissu artisanal français, ne pourront plus mener d'actions de formation, ou de façon limitée, à moins de devoir supporter des charges élévées, d'autant plus incompatibles avec une situation économique déjà dégradée. Seules des sociétés plus structurées pourraient alors faire évoluer les compétences de leurs collaborateurs, sans avoir à recourir aux financements... créant, à moyen terme, un net désavantage pour les boulangers indépendants tout en remettant en cause la pérennité de nombreux organismes de formation.
Seule possibilité pour obtenir une meilleure prise en charge : motiver un financement par le FNE-Formation, destiné à accompagner les entreprises dans la transition écologique, poursuivre la digitalisation et favoriser la souveraineté économique et énergétique.
A moyen terme, cette baisse de dotation pourrait entrainer une transformation des modes de formation, pour se tourner vers des modules "plus agiles et frugaux" comme le suggère Emmanuel Tertrais, fondateur de Baguette Academy, un organisme de formation en ligne dédié à l'univers de la boulangerie-viennoiserie-pâtisserie (BVP). Le e-learning, plus efficace et moins coûteux, constituerait une alternative crédible aux dispositifs traditionnels, avec des possibilités de déploiement sur un large panel de supports (mobiles, tablettes, ordinateurs ...).