ECO RESPONSABILITÉ
Côté emballages, il serait préférable de ne pas se mettre au verre
Face au défi de la transition écologique, les choix et orientations méritent d'être pesés avec soin... et nécessitent des mesures précises pour éclairer l'action et la rendre enfin durable. Le 1er janvier 2023 a marqué un cap pour de nombreux acteurs de la restauration rapide, boulangers y compris, de par l'obligation de proposer la consommation sur place (pour des établissements de plus de 20 places assises) avec des emballages réutilisables. Au delà de la bonne volonté des entreprises, le manque de connaissance de ces dernières sur les impacts écologiques réels de l'offre proposée sur le marché ne leur a pas toujours permis de s'orienter vers des solutions respectueuses de la planète, de l'efficience opérationnelle et des variables économiques de chaque structure.
Lorsque l'on parle de matériaux réutilisables et durables, le verre semble être une solution évidente. Présent de façon massive et historique dans le quotidien des consommateurs, il bénéficie d'une image qualitative et sûre... qui occulte un bilan environnemental peu enviable.
La start-up Foodles, spécialiste de la restauration collective d'entreprise de nouvelle génération (reposant sur des frigos connectés), a fait appel à la société Greenly pour réaliser la première analyse du cycle de vie des contenants (ACV) du secteur. Un dispositif qui analyse les impacts environnementaux du cycle de vie d’un objet, de la fabrication à la destruction (composition, transport, remplissage, barquettage, stockage et fin de vie) et permet donc de distinguer les options les plus performantes.
Greenly, dont les compétences ont permis à de nombreuses entreprises d'engager des stratégies bas-carbone, s'est appuyé sur les normes ISO 14040 et 14043 pour évaluer des contenants jetables, en verre et en plastique (résine). 16 impacts ont été évalués, comme la radiation ionisante, et ses effets sur l’environnement et la santé ; la formation photochimique d’ozone ; les substances cancérogènes et non cancérogènes ; l’usage des terres ; l’acidification ; l’appauvrissement de la couche d’ozone ; l’eutrophisation d’eau douce, marine et terrestre ; les particules fines ; l’épuisement des ressources en eau ; l’écotoxicité d’eau douce ; le changement climatique ; et l’épuisement des ressources énergétiques et minérales.
Il en ressort que les contenants en verre doivent être utilisés 400 fois pour être aussi performants que leurs homologues jetables en terme de bilan carbone. En effet, leur impact en terme d'émission carbone est nettement plus élevé que les autres options (environ 175 grammes de CO2e). Le chiffre tombe à 22ème utilisations pour les emballages en résine plastique, ce qui correspondrait dans le cas d'un usage consigné à une durée de vie de deux ans. Compte tenu de la fragilité relative du verre (bris dangereux en cas de chute ou de choc, fréquents dans un usage collectif et intensif), il semble difficile d'atteindre les 400 usages et la durée de deux années, en dessous de laquelle le jetable reste étonnamment plus vertueux. Sur la base de ces résultats, Foodles a fait le choix d'abandonner la consigne en verre pour la remplacer par un contenant en tritan, plus léger et moins énergivore que le verre, déjà proposée à 12 entreprises clientes. Une action qui pourrait inspirer d'autres acteurs du marché de la restauration et faire grandir la réflexion en boulangerie artisanale, où les emballages jetables (dont les références en bagasse, issu de la pulpe de canne biodégradable par méthanisation) sont encore largement majoritaires.