Blé-farine-pain
Vers une nouvelle phase de concentration au sein de la filière
Au cours du 20e siècle, la France a vu son nombre de moulins décliner rapidement, passant de près de 40 000 à seulement 300 aujourd’hui. Parmi eux, une dizaine d’entreprises concentre plus de 90 % du volume de blé écrasé. Dans ce paysage, de petites entreprises ont subsisté grâce à la fidélité d’une clientèle artisanale, tandis que des structures familiales se sont imposées au sein des régions, voire à l’échelon national pour certaines. La crise en cours au sein de la boulangerie française et l’entrée de nouveaux acteurs vont redessiner en profondeur ce paysage dans les années à venir.
Lorsque l’union de coopératives InVivo achève l’acquisition de Soufflet fin 2021, les interrogations sont grandes quant aux ambitions de la structure pour la filière blé-farine-pain, sur laquelle le nouvel ensemble s’imposait immédiatement comme un acteur majeur de par ses nombreuses marques et implantations : Moulins Soufflet, AIT Ingrédients, Neuhauser… autant d’entités qui travaillaient alors en silo et cumulaient, pour l’activité meunerie et viennoiserie, des pertes de longue date.
En dévoilant la marque ombrelle Episens lors du Sirha Lyon, destinée à regrouper en créant des synergies les activités d’InVivo citées précédemment, le groupe a apporté une clarification nette et détaillé une stratégie visant à « transmettre le meilleur du blé et de notre savoir-faire filière pour une alimentation savoureuse, saine, et une terre régénérée » comme l’indique la raison d’être de la nouvelle entité. François-Xavier Quarez, entré au sein du groupe Soufflet fin 2021, pilotera ces transformations qui aboutiront à une filière intégrée unique à l’échelle du secteur.
Aller du champ à l’assiette, une nouvelle approche au sein de la filière
Unique car, au travers de l’acquisition du réseau de boulangeries Louise via Teract (filiale retail intégrant également les jardineries Jardiland ou Gamm Vert), InVivo est en mesure de valoriser le travail de la chaîne allant du champ à l’assiette, ce que n’avait jusqu’alors réalisé aucun acteur français présent sur ce marché.
Episens ambitionne d’atteindre l’équilibre d’ici à fin 2023 et de générer rapidement 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel, contre 892 millions actuellement. L’objectif fixé est d’atteindre 2 milliards d’ici à 5 ans… ce qui implique d’approfondir le travail de consolidation déjà entamé.
Des mouvements à venir au sein de la meunerie française
Thierry Blandinières, directeur général d’InVivo, a en effet indiqué sa volonté de faire d’Episens un acteur structurant du paysage meunier par le biais d’opérations de croissance externe.
Les cibles potentielles pourraient se multiplier dans les mois à venir, sous l’effet de l’explosion des factures énergétiques et de l’affaiblissement de la boulangerie artisanale, impactant directement leurs fournisseurs de farine.
Sans attendre cette échéance, plus ou moins lointaine selon la résilience du marché, les regards se tournent d’ores et déjà vers l’Est de la France, où les Moulins Advens – anciennement Grands Moulins de Strasbourg – sont au plus mal.
Reprise en septembre 2018, l’entreprise fait face à une importante perte de débouchés et à une vague de départs volontaires, avec une production au ralenti. Une situation qui pourrait laisser envisager une nouvelle opération autour de cet acteur emblématique de la meunerie française.
À plus long terme, l’exemple donné par InVivo pourrait finir par faire école : intégrer l’ensemble des niveaux de transformation permet de récupérer une précieuse marge obtenue lors de la vente du produit fini.
Compte tenu l’intérêt exprimé par de nombreux fonds d’investissement pour le secteur de la boulangerie et des opportunités offertes par ses transformations rapides, la naissance de nouveaux acteurs agissant sur une dimension verticale au sein de la filière semble à présent inévitable.
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