Moisson 2023 : volume et qualité au rendez-vous malgré les aléas

Avec une estimation de 35,6 Mt pour la récolte totale de blé tendre, le service de la statistique et de la prospective (SSP) du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire annonce un chiffre supérieur à celui communiqué par le cabinet Agreste. Ainsi, la moisson 2023 se placerait nettement au dessus de l'an passé en terme de volumes (33,44 millions de tonnes de blé avaient été récoltées), mais également de la moyenne des cinq dernières années.

Derrière cette situation d'apparence rassurante pour la filière, les situations locales sont très variées. Ainsi, dans plusieurs secteurs du Sud de la France, les températures élevées et la sécheresse ont affecté le remplissage des grains, particulièrement sur les terrains les plus superficiels. Situation inverse dans le Nord-Ouest, où les abondantes pluies observées lors de la période de la moisson ont considérablement ralenti les opérations, en plus d'affecter le poids spécifique des grains et sans doute l'indice de chute de Hagberg. Une partie des parcelles verra certainement sa production déclassée et réorientée vers l'alimentation du bétail, cette dernière s'éloignant des critères de qualité de la meunerie. L'humidité, les grains germés et le développement possible de moisissures sont autant d'éléments qui devront faire l'objet d'une attention et d'un traitement spécifique. Ces aléas climatiques pourraient devenir la norme dans les prochaines années, compte tenu de la progression du dérèglement climatique, provoquant non seulement des épisodes de sécheresse, de canicule, mais également de pluies intenses.
A l'échelle du pays, le taux de protéines moyen atteint 11,5% et l'indice de chute de Hagberg n'a pas ou peu été affecté par les épisodes orageux, ce qui promet aux boulangers une qualité de rendu optimale au fournil : tenue des pâtes, volume du pain, jeté coup de lame... autant de critères particulièrement observés par les artisans autant que par leurs partenaires meuniers, qui ont d'ores et déjà entamé les tests de panification de la nouvelle récolte afin de mettre au point des maquettes adaptées aux spécificités de cette dernière.

Si l'incorporation des "nouveaux grains" attendait traditionnellement l'automne, elle intervient de plus en plus tôt chez la plupart des meuniers. Ainsi, la moisson 2023 pourrait s'inviter dans les moutures d'ici à la fin du mois d'août, pouvant générer des instabilités dans le travail de panification et nécessitant un travail d'adaptation au fournil.