REGLEMENTATION
1er janvier 2023, la révolution de la vaisselle réutilisable
La mesure a bousculé les enseignes de restauration rapide : à compter du 1er janvier, la loi Anti-Gaspillage pour une Economie Circulaire (AGEC) imposera aux établissement de plus de 20 places assises de servir leurs clients dans de la vaisselle réutilisable pour la consommation sur place. Si les grandes enseignes du secteur sont très observées dans la mise en place de cette mesure, un nombre croissant d'artisans boulangers est également concerné par le dispositif, du fait de la montée en puissance de l'activité de restauration dans leurs boutiques.
La mesure concerne les gobelets, couvercles, assiettes, récipients et couverts.
Dans un contexte particulièrement perturbé, les investissements nécessaires semblent particulièrement lourds, certains n'hésitant pas à les qualifier de "colossaux" : au delà de la vaisselle en tant que telle, il est nécessaire de disposer d'un équipement performant pour la plonge et d'un personnel suffisant pour continuer à assurer le service tout en réalisant le nettoyage. Pour des points de vente trop exigus, des acteurs de la restauration rapide tels que McDonald's ont été contraints d'externaliser le nettoyage de la vaisselle, signe que le sujet est aussi complexe... que coûteux. Face à ces contraintes, il est à craindre que de nombreuses entreprises ne seront pas prêtes au 1er janvier, par négligeance, manque d'information, ou, plus inquiétant, choix délibéré de minimiser la portée de la mesure.
Les réseaux de boulangerie ayant misé sur la consommation à table sont plus largement concernés que les artisans indépendants, dont les surfaces de vente demeurent plus modestes (en moyenne 40m2 pour une boulangerie traditionnelle). Ange (avec son concept Ange Café, déployé dans de nombreuses unités), Sophie Lebreuilly, Feuillette ou encore l'Atelier Papilles sont ainsi largement concernés. Sur ce segment, Feuillette avait rapidement misé sur la vaisselle réutilisable et a donc intégré la logistique associée de longue date dans la conception de ses points de vente... un choix qui s'avère aujourd'hui particulièrement judicieux.
Avant même la mise en application de la mesure, des associations ont fait entendre leur voix dans les colonnes du Journal du Dimanche afin d'exprimer leurs inquiétudes quant à sa mise en application. Un précédent n'incite en effet pas à être optimiste : depuis 2016, le secteur de la restauration rapide doit trier ses déchets avec cinq bacs différents : papier/carton, métal, plastique, verre et bois. Deux ans plus tard, les pouvoirs publics constataient un très faible respect de cette règle, les obligeant à intensifier les contrôles et à menacer de fermetures administratives les contrevenants. A une époque où les engagements de chaque entreprise en terme de Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE) sont scrutés, il appartient à chacun de prendre sa part sans l'évolution des pratiques... y compris en boulangerie-pâtisserie.