CONJONCTURE
Les boulangers manifestent aujourd'hui à Paris
La protestation exprimée aujourd'hui dans la rue par des boulangers provenant de multiples territoires marque-t-elle une rupture entre les instances représentatives de la profession et sa "base" ?
Si la représentation syndicale a chûté au sein de la profession comme dans de nombreuses autres, un tel événement témoigne de l'évolution des mouvements et de la capacité des individus à organiser de nouvelles protestations en dehors des canaux traditionnels.
Cette manifestation, qui s'élancera de la place de la Nation (Paris 11è) à 14h pour s'achever face au ministère de l'Economie et des Finances (métro Bercy, Paris 12è), a été organisée par le biais des réseaux sociaux et à l'initiative du « Collectif pour la survie de la boulangerie et de l’artisanat », piloté notamment par le boulanger niçois Frédéric Roy. Plusieurs meuniers se sont associés à l'événement de par la communauté de destins qu'ils entretiennent avec les boulangers, à l'image d'Emmanuel Pivan, dirigeant de la Minoterie de Champcors (Bruz, 35).
Le mot d'ordre des manifestants sera d'obtenir un bouclier tarifaire pour l'ensemble des professionnels, peu importe la puissance souscrite (le seuil actuel étant de 36kVA). Une ambition à laquelle la Confédération Nationale de la Boulangerie-Pâtisserie Française (CNBPF) ne souscrit pas, préférant s'inscrire dans une logique de négociation avec les pouvoirs publics depuis le début de la crise énergétique. Pour son président Dominique Anract, une telle demande n'est pas réaliste compte tenu de la teneur des échanges avec les ministres Olivia Grégoire et Bruno Le Maire. Les dispositifs proposés ces dernières semaines, allant de l'amortisseur électricité au guichet d’aide au paiement en passant par le plafond de prix moyen fixé à 280€/MWh, devraient ainsi permettre aux artisans d'assurer la pérennité de leur activité si l'effort de pédagogie autour de ces dernières est engagé de façon adaptée... ce que contestent de nombreux professionnels, dont les témoignages s'accumulent dans la presse locale.
Un tel mouvement, particulièrement rare au sein d'une profession plutôt discrète d'ordinaire quant à ses difficultés, témoigne des difficultés structurelles que rencontrent les entreprises de boulangerie, au delà même du seul sujet de l'énergie. La succession des crises et l'évolution des modes de consommation ont considérablement fragilisé ces entités basées sur l'engagement total des artisans, qui peinent aujourd'hui à faire face aux enjeux de la profession et à une concurrence plus structurée. Autant de réalités qui devraient, en plus des aides consenties par l'Etat, inciter à accélérer les transformations du métier sur les plans humains et productifs... et pourrait fédérer très largement, associant structures syndicales et nouveaux mouvements.