Moulins de Versailles, sur une voie royale

Faire vivre un moulin dans un environnement concurrentiel riche et un contexte perturbé est un défi ; faire vivre un moulin urbain et situé en Île-de-France, où sont présents de nombreux acteurs de grande taille, pourrait paraître une folie. C’est pourtant le choix fait en 2017 par Romain Chaudé, qui a pris la tête de l’entreprise familiale à la suite du départ de son oncle.

Rejoint depuis par son épouse Elisa, cet ingénieur ayant commencé sa carrière dans les travaux publics a donné un nouvel essor aux Moulins de Versailles. Les 1.000 tonnes d’écrasement annuelles sont passées à 4.000, et l’équipe qui comptait six personnes chiffre fièrement à quinze aujourd’hui.

Le jeune meunier, tout juste âgé de 35 ans, a souhaité dès le début capitaliser sur le caractère « unique » de sa farine : installé dans le quartier de Versailles Chantiers depuis 1905, le site intègre de véritables machines de collection, comme les moulins à cylindres Schneider Jaquet… mais également un savoir-faire transmis de génération en génération, ainsi que des engagements forts. Les blés sont sélectionnés parmi les meilleurs terroirs dans un périmètre de 100 km autour du moulin.

Sensible à la qualité de la matière première, Romain Chaudé veut s’approcher du travail réalisé dans le vin et valoriser la qualité des mélanges… tout en investissant dans son outil, qui séduit des particuliers comme des professionnels (avec de la vente en ligne et une présence sur les plateformes Pourdebon ou Ankorstore, et une livraison sur toute la France ainsi qu’à l’International).

Pour accompagner la croissance de ses volumes en améliorant les conditions de travail de ses collaborateurs, l’entreprise a investi dans une station de mélange automatisée, ainsi qu’un palettiseur et une nouvelle ligne d’ensachage.

La période de pandémie a renforcé le lien entretenu de longue date avec la clientèle de particuliers au travers de la boutique : les petits conditionnements représentent un tiers de l’activité des Moulins de Versailles.

Relations de confiance

Rare moulin français certifié Entreprise du patrimoine vivant (EPV) et membre du Collège culinaire de France, l’entreprise capitalise sur sa marque et les relations de confiance entretenues avec ses clients, notamment dans cette période où les hausses de prix sont fréquentes.

Avec l’arrêt des prêts meuniers acté par Romain Chaudé, ce sont des sujets fondamentaux tels que la qualité et le service qui se sont imposés… ainsi que, pour le moulin, une certaine liberté de choisir ses clients en fonction de leur volonté à valoriser le travail réalisé sur la matière première. Pour l’avenir, l’entrepreneur veut continuer à développer cette identité singulière de meunier dans la ville, véritable trait d’union entre les artisans et les consommateurs finaux.

Une stratégie qui passera notamment par l’agrandissement envisagé de la boutique, permettant de donner une visibilité sur le processus de mouture au grand public, et de réaliser des ateliers. Autant d’idées qui devraient continuer à faire rayonner le savoir-faire de ce meunier… engagé sur une voie royale !

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