Une filière face aux crises

Depuis début 2020, l’ensemble des acteurs qui forment le chemin aboutissant au pain ont démontré leur formidable capacité de résilience et d’inventivité. Transformation des offres, multiplication des services, maintien permanent du lien social si essentiel au sein d’une boulangerie…

Si la filière a grandement témoigné de son engagement, elle doit aujourd’hui faire face à de nouveaux enjeux, à la fois climatiques et géopolitiques. Nous avons été à la rencontre de ces entrepreneurs audacieux, positifs, créatifs qui façonnent la boulangerie d’aujourd’hui et le pain de demain.

Dans des métiers aussi prenants que ceux d’agriculteur, de meunier ou de boulanger, le quotidien est toujours chargé, avec son lot de plaisirs mais aussi de difficultés. Si les crises se succèdent depuis plus de deux ans, elles ont été une occasion unique de mettre en lumière des éléments clés du fonctionnement des filières, tout en accélérant des transformations naissantes du système alimentaire.

Ainsi, la souveraineté de ce dernier est devenue un enjeu, particulièrement criant au moment où la farine en petit conditionnement manquait dans les rayons : un symbole parmi tant d’autres d’une filière aussi forte, diversifiée, que fragile.

Fédérer les maillons de la chaîne menant au pain

Si le circuit court est souvent dressé en exemple d’un modèle vertueux, il s’applique difficilement dans le cadre de la filière blé-farine-pain : avant d’aboutir au produit fini si apprécié sur nos tables, les grains auront transité par plusieurs intermédiaires, tous garants de la qualité et de la régularité de la production.

Agriculteurs, coopératives, organismes stockeurs, négociants, meuniers… tous s’impliquent aujourd’hui pour améliorer collectivement les pratiques et la valorisation des ressources naturelles. Alors que la société a longtemps évolué dans une logique d’abondance, chaque épi, chaque parcelle compte à présent.

Preuve en est la multiplication des démarches qualité, dont les engagements font écho à ces exigences renouvelées. Qu’elles soient locales ou nationales (CRC, label Rouge, Bio…), elles participent à fédérer la filière autour d’une même logique. 45 % des agriculteurs installés vont cesser leur activité d’ici 2026 : pour assurer le renouvellement des exploitations, ce sont des débouchés et une vision d’avenir, garantissant une vie décente, qui sont indispensables afin de créer des vocations.

Les artisans boulangers ont un rôle à jouer dans cette dynamique. C’est dans cet esprit que plusieurs meuniers organisent à présent des « journées filières », où les acteurs se rencontrent et échangent sur leurs problématiques respectives… pour que vive encore longtemps un pain 100 % français, savoureux et croustillant.

Des entreprises mobilisées et innovantes

Pour faire face à l’adversité et assurer la pérennité de leurs activités, chaque membre de la filière s’est engagé dans une démarche de progrès et d’innovation. Amélioration des pratiques culturales, services de formation et d’accompagnement, nouveaux produits… la diversité des actions mises en œuvre témoigne de la modernité des métiers du grain et du pain, qui affirment chaque jour plus nettement leurs capacités à nourrir sainement une population nombreuse et aux aspirations variées.