CONJONCTURE
Baguette à 0,29€ : après la polémique, l'alignement
Un petit prix pour une grande polémique, c'est ainsi que l'on pourrait résumer l'annonce de Michel-Edouard Leclerc que nous avions déjà évoqué précédemment dans nos lignes.
Depuis, les marques d'hostilité vis à vis de la mesure se sont multipliées, autant du côté des artisans boulangers ou de leurs représentants que des politiques, allant jusqu'à faire réagir la Chambre des Métiers de l’Artisanat par la voix de son Président Joël Fourny. Ce dernier a dénoncé la politique du "buzz médiatique" qui "écrase ce qui fait vivre au quotidien nos villes, villages et centres-bourgs : le commerce et l’artisanat indépendant".
Le dirigeant de l'enseigne de distribution a, quant à lui, répondu en mettant en avant le fait que ce produit et sa tarification n'avaient rien de nouveau au sein de son entreprise, et qu'il respectait la loi EGalim et la sanctuarisation des prix agricoles, en précisant que Leclerc prendrait "la future hausse des prix sur ses marges". Dans le même esprit, cette mesure de blocage du prix sur un produit emblématique s'expliquerait par la nécessité de défendre le pouvoir d'achat des ménages face à une inflation estimée à 4% dans les mois à venir.
Sur le sujet des agriculteurs, l'entrepreneur met en avant son approvisionnement auprès de meuniers français, lesquels écrasent des céréales cultivées sur notre territoire.
Le sujet n'est pas passé inaperçu auprès des consommateurs, qui, pour certains, trouvent le dispositif bienvenu dans ce contexte. Ils seront de plus en plus nombreux à pouvoir s'approvisionner en à ce tarif dans les prochaines semaines, puisque l'enseigne Lidl a annoncé hier suivre le mouvement "à regret", expliquant qu'un tel alignement était "nécessaire" : "Quand le leader de la distribution française se positionne sur un prix sur un produit aussi emblématique que la baguette, toute la distribution va le suivre." tout en reconnaissant le caractère "dramatique" du message envoyé au monde agricole.
Reste à observer l'évolution dans les prochaines semaines : d'autres marques pourraient adopter le même positionnement prix. Face à cela, Dominique Anract, président de la Confédération Nationale de la Boulangerie Pâtisserie Française (CNBPF) a déjà prévenu : "Il faut alarmer l'opinion public sur la question de l'artisanat. On ne va pas se laisser faire. Nous avons reçu le soutien de nombreux députés et sénateurs."