MARCHÉ
Le spectre d'une pénurie de beurre inquiète les boulangers
Les boulangers-pâtissiers disposeront-ils d'assez de beurre pour confectionner leurs galettes des Rois en 2022 ?
Rien n'est moins sûr. A quelques jours de l'épiphanie, les témoignages rapportant d'importantes difficultés d'approvisionnement se multiplient.
En Mayenne, terre de production laitière, comme dans de nombreux autres territoires, beaucoup d'artisans sont contraints de se tourner vers des origines différentes de celles habituellement sélectionnées : la Hollande et plus globalement les pays d'Europe de l'Est s'imposent comme des alternatives privilégiées.
Pour expliquer cette situation, laquelle n'est pas sans rappeler celle connue fin 2017, les éleveurs et le géant du lait Lactalis (détenteur de marques telles que Président) mettent en avant une forte hausse de la demande mondiale, en plus d'une baisse des volumes de collecte. Egalement, un industriel représentant 25% des volumes fabriqués en Europe a subi des inondations dans son usine, et sa défaillance a un impact inévitable sur la filière.
Ce contexte de tension a un impact direct sur le coût de cette matière première essentielle : +24% d'augmentation entre septembre et novembre sur le beurre, selon les données de France Agrimer. La Confédération Nationale de la Boulangerie-Pâtisserie (CNBP) avance quant à elle une hausse de 30 à 40% par rapport à cet été. Conséquence directe, comme nous l'avions précédemment rapporté : les prix de vente en magasin augmentent.
Pour éviter de nouveaux épisodes de ce phénomène particulièrement usant pour les artisans, Dominique Anract, président de la CNBP, réclame la mise en place de quotas visant à garantir un approvisionnement des boulangers face à la demande mondiale. Un dispositif qui nécessitera d'obtenir l'adhésion des acteurs industriels de la filière laitière, dont les intérêts économiques à l'export sont non négligeables.