AGRICULTURE
Toujours plus précoce, la moisson a déjà débuté
Plus de deux semaines d'avance. Après une année 2022 qui avait battu des records de précocité pour le début de sa moisson, 2023 s'inscrit dans la même tendance : la chaleur et la sécheresse observées ces dernières semaines ont imposé aux agriculteurs de récolter dès les derniers jours de juin, en commençant par les orges, déjà rejoints par les blés dans plusieurs régions. Malgré les pluies, parfois soutenues, qui ont traversé la France dans le courant du mois de mai ainsi qu'un printemps froid et humide, les grains sont secs et les rendements très contrastés. Une fois encore, les régions du Nord de la France devraient se distinguer par de plus forts rendements, obtenus grâce à des températures encore modérées malgré le dérèglement climatique. Les premières estimations communiquées par Arvalis et Intercéréales prévoient, à l’échelle nationale, un rendement de 75 quintaux/ha soit 5% de plus que de la moyenne sur 10 ans (et 4,5% de plus qu'en 2022). Les teneurs en protéines sont en moyenne à 11,4%, en phase avec la moyenne décennale et avec les objectifs fixés par la filière céréalière française
Du fait du caractère très sec des sols, les risques de départ de feu sont marqués. Ainsi, les agriculteurs redoublent de vigilance pour éviter tout incendie, de même que les pouvoirs-publics : des arrêtés interdisant les moissons en journées avaient été pris en 2022, et pourraient être renouvelés cette année en fonction de la situation.
Au delà de la récolte en elle-même, les craintes sont fortes vis à vis d'un effet ciseau touchant les producteurs : leurs charges n'ont cessé d'augmenter (carburant, engrais, ...) alors que les cours du blé ont considérablement reflué depuis le début de l'année, atteignant 230€/t en ce début juillet. Dès lors, la rémunération promet d'être décevante pour les agriculteurs. Ils espèrent ainsi que les prochains mois seront plus généreux en pluviométrie, pour réaliser de solides récoltes de colza, maïs ou de tournesol.
Selon les territoires, les moissons pourraient être achevées d'ici le milieu du mois de juillet, en fonction des éventuels aléas climatiques (pluies, orages...). Dans les années à venir, la précocité des moissons devrait continuer à s'accentuer : lors de la récente Convention annuelle de l'Association Nationale de la Meunerie Française (ANMF), Christian Huyghe, directeur scientifique agriculture au sein de l'Inrae, présentait un scénario où les agriculteurs seraient contraints, en 2040, de récolter le grain dès le début du mois de juin. Une évolution qui aurait de forts impacts sur les rendements, de par la réduction de la durée de culture.