Portrait
Reconversion totale et soutien communal
En janvier 2019, Valériane Dutheil reprend le dernier commerce de Bord-Saint- Georges (Creuse), la boulangerie. Deux ans auparavant, elle avait une autre vie. La boulangère passionnée a la chance de bénéficier d’une équipe de « supporters » très impliquée : son maire et l’équipe municipale.
« Tu ne veux pas reprendre ma suite ? » glisse un jour Gilles Hamida, boulangerie bord-Saint-Georges en passe de partir à la retraite sans avoir trouvé de repreneur, à Valériane Dutheil, vendeuse dans un terminal de cuisson.
Trois mois plus tard, cette pincée de levure a fermenté. Valériane se forme au métier pendant une année scolaire grâce au Fongecif1 et passe son CAP.
« J’ai fait deux années en une. » Elle est conquise. Elle monte son projet les six derniers mois de l’année 2018. « Il fallait que je me fasse licencier pour bénéficier de l’Acre2, que j'accomplisse les démarches à la chambre de métiers et de l’artisanat, la banque, etc. Mon comptable m’a beaucoup aidée. »
Une commune qui veille au grain
Le bâtiment de la boulangerie, entièrement rénové en 2010, tout comme son four (40 000 €) appartiennent à la commune de 380 habitants. Valériane paye un loyer très attractif. « Je considère la boulangerie comme un service public », explique Jean-Baptiste Alanore, le maire.
L’équipe municipale est très à l’écoute de Valériane. « Ils ont fait ouvrir une porte pour que les livraisons de farine puissent se faire sans passer par le fournil, ils vont m’aider à changer l’enfourneur du four... Dès que j’ai un problème, il est réglé ! » La commune a d’ailleurs reçu le trophée Village de la reprise 2019 pour son implication. La boulangerie est un lieu de vie, un point de rencontre : « Le dimanche matin, il y a du monde partout, ça discute, ça bloque la rue », s’amuse la boulangère qui emploie deux CDI (vendeuse et livreuse).
La pâte de Valériane
Valériane a conservé l’off re de base de Gilles Hamida en l’élargissant côté pains et viennoise- ries. Elle a aussi étoffé le rayon épicerie de première nécessité avec une centaine de produits différents. Elle propose en outre des produits f rais (yaourts, beurre...), du jambon à la coupe, du boudin... Une vraie valeur ajoutée pour les habitants. « Tout est du coin », assure-t- elle.
La pâtisserie n’étant pas « son truc », elle collabore avec le boulanger-pâtissier de Boussac, à 15 km de là, qui lui confectionne ce qu’il faut le dimanche. Comme ses pâtes, le chiffre d’affaires de Valérie, forte de son solide bagage en vente, gonfle doucement, doucement...
1. Fonds de gestion des congés individuels de formation ; Valériane demeurait salariée de son employeur pendant son congé de formation.
2. L’aide aux créateurs et repreneurs d’entreprise est une exonération partielle ou totale des charges sociales pendant un an.