RURALITE
Quatre mois d'existence et une liquidation, le triste record de la boulangerie de Bray-Saint-Aignan
A Bray-Saint-Aignan (45), le transfert de la boulangerie du village devait être le symbole d'un nouveau départ. Un espoir qui n'aura que peu duré : quatre mois après le déménagement, la structure, baptisée Co'pains de Bray, dirigée par Florence et Colin Lanson a été contrainte de cesser son activité. Grâce à une meilleure visibilité, la mairie promettait que les locaux fraichement aménagés permettraient à l'entreprise de voir son chiffre d'affaires se développer : il ne s'élevait en 2022 qu'à 138 000 euros, l'activité ayant démarré en 2020. Cela n'aura visiblement pas été le cas : la liquidation judiciaire de l'entité légale devrait être prononcée dans les prochains jours.
C'est le triste symbole du caractère insuffisant de la volonté politique face à une conjoncture défavorable et aux difficultés plus structurelles qu'éprouvent les artisans boulangers-pâtissiers dans la gestion de leurs entreprises. L'explosion du poids des charges n'a pas pu être répercutée de façon efficace sur les prix de vente en boutique, Florence Lanson décrivant de façon très directe la réaction des clients "Quand on augmente de 5 centimes, on se fait déjà arracher les yeux" déclarait-elle au journal La République du Centre. La cogérante s'est privée de rémunération pendant plusieurs mois, puisant dans ses économies en l'attente de jours meilleurs... qui ne sont jamais arrivés.
Plus de 474 000 euros avaient été investis par la commune, aidée par l’État, la Région, le Département et la communauté de communes du Val de Sully afin de réaliser l’achat, la rénovation, l’extension et l'équipement du bâtiment, qui abritait jadis la poste communale. Pourtant, les relations entre la collectivité et les boulangers se sont rapidement dégradées, en raison de divergences sur l'implantation du matériel ou encore sur le prix du loyer. C'est par une annonce déposée sur la porte que l'édile du village, Danielle Gressette, a découvert mi-août la fermeture de la boulangerie.
Si le local pourrait être repris dans moins de 6 mois, Florence Lanson doute qu'il ne puisse attirer plus de clients : le manque de passage et de signalisation sur l'axe routier à proximité peineraient à assurer le trafic nécessaire pour assurer la survie d'un commerce de boulangerie au sein de la localité. Cependant, les difficultés de l'entreprise tenue par la mère et son fils ne datent pas de ces quatre derniers mois : entre fournisseurs impayés, cotisations Urssaf décalées depuis la crise Covid, taux de marge brute plus que dégradé ... l'ardoise aura fini par être trop chargée pour espérer toute sortie de crise.