Les origines de Pâques

"Enfant, comme beaucoup, Pâques était synonyme de chasse aux œufs ou plus exactement de chasse au chocolat ! J’avoue que les origines de ce « dimanche chocolat » m’importaient peu", avoue notre expert Jean-François Astier. "Cependant, une anecdote me revient quand il s’agit d’évoquer Pâques. Un jour j’ai posé deux questions existentielles à ma grand-mère : Pourquoi on a toujours des œufs, des poules et des cloches ? Pourquoi on doit attendre dimanche ? . La réponse fut quelque peu surprenante : On doit attendre le dimanche parce que les cloches rentrent de Rome pour ramener les œufs et puis les œufs viennent des poules c’est comme ça !"

Tradition païenne ou religieuse ?

Dans l’Antiquité, l’œuf était le symbole de la renaissance de la nature ou de la « naissance du monde ». En effet, à la période du printemps on offrait des œufs peints. Certains ont d’ailleurs été retrouvés dans des tombes en guise d’offrandes. La domestication des poules a modifié les périodes de ponte. À l’état « sauvage » les pontes débutaient au printemps avec une douzaine d’œufs en deux semaines avant qu’ils soient couvés. Dès cette époque, la symbolique de la fertilité ou de l’abondance est représentée par des animaux, la poule, le poisson ou le lapin qui, en Alsace, est celui qui apporte les œufs. Ces acteurs en chocolat apparaissent mais ne prennent pas encore forme. Il faudra attendre le xix^e siècle et les frères britanniques Fry, qui inventèrent en 1847 le chocolat à mouler, pour que tous ces personnages nous arrivent sous forme de fritures ou de moulages.

Qu’en est-il des cloches ?

Croyante, ma grand-mère avait partiellement raison, même si l’image des cloches qui reviennent de Rome avec les œufs semble étrange… En fait, la religion chrétienne a institutionnalisé cette période de Pâques. Tout commence par le « mercredi des Cendres » qui ouvre la période d’un jeûne de 40 jours (le carême) jusqu’au dimanche de Pâques qui célèbre la résurrection de Jésus de Nazareth. Pendant le carême la consommation d’œufs est proscrite. Le mercredi soir de la Semaine sainte, les cloches cessent de sonner et, bien sûr, partent à Rome. Elles reviendront avec des œufs que l’on pourra déguster au son des cloches, le dimanche de Pâques.

C’est donc un mélange de traditions païennes et religieuses qui nous donne les origines de Pâques. Il est vrai qu’aujourd’hui Pâques représente pour les artisans du goût un moment fort de l’année. Même si au Moyen Âge, la vente de petits pains de carême chauds (les recettes existent toujours) était courante, elle est tombée en désuétude. Nous pourrions cependant nous en inspirer et enrichir cette période de nouvelles recettes autres que les classiques chocolats de Pâques. Nous pouvons prendre exemple sur le Lamala (ou Lammele), cet agneau pascal alsacien en pâte similaire à la génoise. Nous savons faire preuve d’originalité et de créativité pour la Saint-Valentin. Alors pourquoi pas pour Pâques ?

Oui c’est vrai, cela demande de se poser, de prendre le temps, peut-être même d’y réfléchir entre confrères. Pour finir, citons l’acteur américain Red Skelton : « Suite au fait que lundi tombe un mardi ce mercredi, notre réunion du jeudi se tiendra vendredi ce samedi car dimanche est un jour férié. » Est-ce vraiment une bonne raison pour nous empêcher d’être proactifs ?

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