ENERGIES
Le coût de l'eau pourrait-il flamber pour les boulangers ?
Les conséquences des épisodes de sécheresse sont autant agricoles qu'économiques : la raréfaction de la ressource aura un impact sur son prix. Le chef de l'Etat Emmanuel Macron a annoncé, jeudi 30 mars, la généralisation progressive du dispositif de tarification progressive sur les usages de l'eau, déjà en vigueur dans plusieurs agglomérations françaises (Dunkerque, Montpellier, Libourne, Arras, Niort...). Cet élément s'intègre dans un arsenal de mesures visant à imposer une nouvelle forme de sobriété aux particuliers autant qu'aux entreprises.
Faire évoluer les tarifs pour maîtriser la consommation
Comme cela a été mis en place pour l'électricité, un "EcoWatt de l'eau" devrait être déployé d'ici à l'été, permettant à chacun de mesurer la situation des réserves d'eau au sein des territoires. L'objectif fixé est de parvenir à une réduction de l'ordre de 10% de la consommation d'eau, peu importe le profil d'utilisation. Ainsi, l'évolution tarifaire envisagée est aussi incitative que coercitive dans un contexte de tension sur le pouvoir d'achat.
Pour la majorité des communes françaises (à hauteur de 96%), le prix de l'eau est composé d'une part fixe, l'abonnement, et d'une part variable, liée à la consommation. C'est sur cette dernière que les pouvoirs publics souhaitent agir, en se reposant notamment sur l'expérience engagée depuis presque douze ans sur certains territoires.
Plusieurs éléments sont nécessaires pour mettre en place un tel dispositif, comme la mise en place de compteurs d'eau individuels. L'adhésion des utilisateur est aussi indispensable, même si les épisodes caniculaires ont grandement sensibilité la population à cette problématique. A Montpellier (34), la municipalité avait intégré le tarif progressif à son programme de campagne, sans que cela ne suscite de défiance.
Si les particuliers sont les premiers touchés par une telle évolution, qui vise à limiter les usages dits "de confort", les entreprises verront également leurs factures impactées. Les prix étant fixés par chaque collectivité, ils peuvent grandement varier d'un secteur à un autre. Ainsi, toujours à Montpellier, les structures privées dont font partie les artisans boulangers-pâtissiers font l'objet d'une tarification spécifique. De 0 à 120m³, le prix du mètre cube est de 1,03 euro hors taxes. Il passe à 1,13 euro de 120 m³ à 1 200 m³ puis à 1,19 euro au delà de ce seuil. D'autres territoires, comme Libourne (33), ont fait le choix d'une tarification unifiée.
Malgré tout, compte tenu de l'usage important d'eau en boulangerie, une telle mesure pourrait inquiéter des artisans déjà touchés par les prix de l'énergie : qu'il s'agisse de fabriquer du pain, nettoyer les locaux, injecter de la buée dans le four... de nombreuses tâches quotidiennes des professionnels utilisent naturellement de l'eau. De quoi fragiliser encore plus des entreprises si son prix venait à flamber.