AGRICULTURE
Inquiétudes autour de la filière Seigle française
Les évolutions de la réglementation sanitaire pourraient porter un coup d'arrêt majeur à la culture d'une céréale emblématique du terroir français. En effet, la publication puis la mise en application en janvier 2022 d'un réglement européen portant sur de nouvelles teneurs maximales pour les alcaloïdes de l'ergot dans les denrées alimentaires impose un seuil strict pour les produits issus de la culture du seigle, à savoir moins de 500 μg/kg.
Le taux a déjà été franchi trois fois depuis lors sur des farines de seigle, provoquant des rappels de lots préjudiciables aux utilisateurs comme aux meuniers. Au 1er juillet 2024, le seuil sera divisé par deux pour passer à 250 μg/kg. Dans ces conditions, Yohann Vrain, Responsable affaires économiques et réglementaires au sein de l'Association Nationale de la Meunerie Française (ANMF) prévoit que "30% des lots pourraient être déclassés". De quoi remettre en cause la pérennité de cette filière sur le territoire français, même si l'organisation professionnelle s'est mobilisée pour faire évoluer les pratiques, avec notamment une refonte des plans de surveillance sanitaire "Malheureusement, la situation sur le terrain ne change pas assez rapidement" constate l'association.
Le développement de l'ergot est favorisé par la présence de graminées en bordure de champ, accompagné de conditions météorologiques spécifiques. S'il peut toucher la totalité des céréales, le seigle présente une sensibilité particulière, et la difficulté de réaliser un désherbage total amplifie les risques.
Peu de solutions s'offrent aujourd'hui aux agriculteurs, qui ne peuvent que miser sur des actions préventives. Laurent Guerreiro, directeur général de RAGT Semences, présente l'exemple espagnol comme une possible voie de salut pour la culture de cette céréale appréciée en panification : sur les terres hispaniques, "Le seigle hybride a été quasiment généralisé", permettant de maîtriser le risque lié à l'ergot.