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ECONOMIE

Crise énergétique : des boulangeries encore viables ?

Publié le 29/08/2022 |

"Vais-je pouvoir ouvrir ?" c'est la question posée par Maxime Lefebvre dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram en fin de semaine dernière.
Dans ce contenu, le boulanger amiénois détaille sa situation face caméra, avec un ton sérieux et un visage tendu qui tranchent nettement avec le ton habituel de ses interventions. Déjà en possession de 3 points de vente à Amiens et Longueau (60), cet entrepreneur à succès travaille depuis plusieurs mois sur une implantation à Lille (59), où il souhaite dupliquer l'ambiance chaleureuse développée dans ses "boulangeries - café".

La crise énergétique qui se profile bouscule les marchés de l'énergie, et les coûts s'envolent : ainsi, la proposition commerciale envoyée par son fournisseur est 6 fois supérieure à celle signée il y a seulement un an et demi pour l'ouverture de la dernière boutique, passant ainsi de 60000 à 250000 euros. Cela fait suite à l'augmentation fulgurante du prix du mégawattheure : il se négociait en 2021 à 85 euros... contre 1000 euros aujourd'hui. Si un bouclier tarifaire protège les particuliers, ce n'est pas le cas pour les TPE et PME.
Ainsi, les artisans en phase d'installation ou devant signer de nouveaux contrats d'énergie feront face à cette importante problématique, qui bouscule l'ensemble des équilibres définis au sein des entreprises. En effet, de par le nombre important d'équipements électriques en boulangerie (fours, chambres de fermentation, vitrines, ...), ce poste de dépense est devenu majeur au sein des structures artisanales. Avec une marge souvent dégradée du fait de la hausse des matières premières, elles ne seront pas en capacité d'assumer une telle explosion de leurs charges fixes.

Les causes de l'augmentation des cours sont multiples : tarissement des flux de gaz russe vers l’Europe depuis le début de la guerre en Ukraine (plusieurs centrales thermiques utilisent du gaz pour produire de l’électricité), arrêt de plus de la moitié des réacteurs nucléaires français d’EDF... la production d'électricité française atteint ainsi un niveau très bas, avec des perspectives inquiétantes : le mégawattheure se négocie dès aujourd'hui à 1600 euros pour décembre. Si l'Union Européenne souhaite mettre en oeuvre des plans de sobriété et d'indépendance énergétique, de tels dispositifs mettront du temps avant de produire des effets. Or, la viabilité des entreprises artisanales, déjà fragiles, est sévèrement remise en cause par ce contexte... qui ne devrait pas manquer de placer la rentrée sous haute tension.