RESSOURCES HUMAINES
Recrutement et rémunération, deux sujets toujours brûlants en 2024
L'accalmie sur le front de l'emploi ne semble pas être pour demain : une enquête menée par la Confédération des PME (CPME) 26 octobre au 20 novembre auprès de 1 418 dirigeants de TPE-PME, portant sur le recrutement, la rémunération des salariés et les réglementations, témoigne des difficultés marquées que rencontrent les chefs d'entreprise pour compléter leurs équipes et ainsi assurer la bonne marche de leurs activités. Ainsi, 78% des Très Petites Entreprises (TPE, de 0 à 9 salariés), parmi lesquelles sont rassemblées bon nombre de boulangeries traditionnelles indépendantes, rencontrent des difficultés de recrutement.
Pire, des indicateurs laissent présager une aggravation de la situation : la crise du logement freine la mobilité géographique et peut complexifier les embauches. L'accélération du phénomène est notable : seuls 10% des chefs d'entreprise informaient de la difficulté des candidats à se loger. Ils sont désormais 19%, soit près du double.
Face à ces difficultés durables, les structures se réorganisent et développent leurs capacités de résilience. Le manque de personnel était un frein à l'activité pour 64% des chefs d'entreprise contre seulement 53% à présent, alors même que la situation n'a que peu progressé : certains ont misé sur la semaine de quatre jours, d'autres ont ajouté un jour de fermeture hebdomadaire ou ont rationalisé leurs gammes... autant d'initiatives qui contribuent à améliorer les conditions de travail et mécaniquement l'attractivité des entreprises.
Augmenter les salaires, un geste difficile pour les plus petites structures
Côté salaires, les TPE sont bien moins nombreuses (45%) que les PME à envisager d'augmenter les rémunérations (68%), leurs capacités financières demeurant limitées, ce qui se traduit par également par une plus faible propension à verser des primes (49% chez les TPE, 69% en PME). Même si cela peut nuire à la fidélité du personnel, cela ne semble pas être le point de préoccupation majeur : moins d'un professionnel sur deux (49%) déclare être inquiet de voir ses salariés quitter la structure pour cette raison. D'autres études pourraient leur donner raison, à l'image de celle menée par l'Observatoire des métiers de l'alimentation en détail à l'été dernier, qui plaçait l'ambiance de travail et le dialogue en tête des outils de fidélisation.
Dans le prolongement de ces sujets sociaux, certaines mesures font l'unanimité contre elles : c'est le cas de l'obtention de jours de congés payés pour les salariés en arrêt maladie, toujours en vigueur. 93% des entrepreneurs employant au moins un collaborateur sont opposés au dispositif, perçu comme une charge injuste vis à vis de l'entreprise. Ces même dirigeants se questionnent sur un sujet lié à l'adoption récente de la loi Immigration, qui devait permettre la régularisation de travailleurs oeuvrant dans des métiers en tension. Le Sénat a considérablement restreint la mesure, laissant la perspective de régularisations marginales des travailleurs sans-papiers, pouvant être inférieures à celles observées actuellement. 31% des dirigeants rencontrant des difficultés de recrutement estimaient qu'une telle ouverture leur aurait permis de trouver des solutions à leurs problématiques. La déception générée par le texte final restera donc limitée.