Outre-Atlantique, les difficultés de recrutement en boulangerie inquiètent également

L'organisation American Bakers Association (ABA) tire la sonnette d'alarme : si aucune action d'ampleur n'est menée afin de restaurer la situation, 53 500 postes pourraient être à pourvoir en Amérique du Nord dans le secteur de la boulangerie d'ici à 2030, selon une étude menée en collaboration avec l'entreprise ndp|analytics. Un chiffre à placer en perspective avec les 9 000 emplois vacants au sein de la filière artisanale française, estimés par la Confédération Nationale de la Boulangerie-Pâtisserie Française (CNBPF) : non seulement notre territoire est moins vaste, mais les modes de production font appel à beaucoup plus de main d'oeuvre de notre côté de l'Atlantique. 

Eric Dell, président-directeur général de l'organisation, n'a pas hésité à qualifier cette perspective de "gouffre", menaçant les fondements mêmes de l'industrie qu'il représente. Le vieillissement de la main d'oeuvre en place, dont une part importante s'approche du départ à la retraite, est une véritable bombe à retardement pour les entreprises de boulangerie américaines, en plus des postes déjà vacants qui peinent à être pourvus. Dès lors, des actions "collectives et immédiates" sont nécessaires afin d'éviter toute rupture d'approvisionnement : en effet, l'ensemble des postes sont concernés, qu'il s'agisse de la production, l'ingéniérie, la maintenance, l'expédition ou la distribution. Les conséquences pourraient être dramatiques : les effets directs, indirects et induits d'une telle pénurie de main d'oeuvre engendreraient la suppression de 148 000 emplois ainsi qu'une perte de 36,2 milliards de dollars de chiffre d'affaires liés à la production. Plus largement, en 2030, les entreprises et les consommateurs se trouveraient affectés par une telle dégradation de l'offre alimentaire.

Cette crise sera placée au coeur des discussions lors d'un événement réunissant l'ABA, ses membres et des décideurs politiques le 14 novembre prochain. Un seul objectif : identifier rapidement des solutions pour restaurer un fonctionnement normal de la filière, ce qui nécessitera certainement de travailler sur son attractivité et ses conditions de travail... ce qui n'est pas sans rappeler les efforts à mener dans l'Hexagone, au sein d'une boulangerie à l'identité bien plus artisanale.