En 2024, le Chocolat s'imaginera autour de trois types de plaisirs : intenses, sains et conscients

Le plaisir demeure un moteur puissant dès lors qu'il s'agit de consommation alimentaire, et plus encore dès lors qu'il s'agit de douceurs sucrées. Cependant, derrière cette notion se dessinent désormais de nouvelles attentes et la volonté de conjuguer plusieurs impératifs qui semblaient précédemment irréconciliables : le goût doit parvenir à rejoindre l'éthique et le respect de la santé. Aujourd'hui, c'est une forme de plaisir immédiat et peu porté sur les conséquences de long terme qui prédomine... mais pour combien de temps ? L'évolution est en marche, comme en témoigne une récente revue de tendances réalisée par la Chocolate Academy™, imaginant le futur de la filière cacao pour l'année 2024 et au delà : si le marché devrait continuer à croître très légèrement à raison de 0,5% TCAC (taux de croissance annuel composé) en volume par an jusqu'en 2027, ce qui lui permettra d'atteindre plus de 39 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel, la hausse des prix et l'évolution des consciences impacteront de façon tangible les comportements d'achat.

Des prix toujours plus observés

Plus que jamais, l'expression "en avoir pour son argent" résonne dans l'esprit des consommateurs : ils sont en effet 54% à dépenser plus en nourriture et en boissons, de par leur volonté de s'offrir des moments d'exception façonnés par des produits haut de gamme, à l'image de chocolats fins, issus de filières vertueuses et faisant appel à un savoir-faire pointu. Dans le même temps, 66% des amateurs de chocolat s'orientent vers des références plus abordables pour préserver leurs finances. Deux mouvements qui semblent s'opposer mais se rejoignent dans leur capacité à imposer à la filière à optimiser le rapport qualité/prix de ses fabrications afin de séduire le plus grand nombre.

Cette exigence concerne l'ensemble des aspects d'un produits de confiserie ou de chocolaterie : non seulement son histoire doit être porteuse de sens et pouvoir être racontée en toute sincérité et transparence, mais les textures doivent être au rendez-vous pour enchanter les sens de la clientèle. Ainsi, 54 % des consommateurs d’Europe de l’Ouest perçoivent les chocolats dotés d'informations précises sur leur origine ou leur procédés de fabrication comme plus haut de gamme. L'affichage de la provenance est devenu un sujet d'attention majeur pour 63% de ce même public. Ils sont également 58% à afficher leur préférence pour des douceurs offrant plusieurs textures et saveurs, témoignant de l'importance de renouveler les recettes afin de mettre l'accent sur la création en intégrant de nouveaux ingrédients et en élargissant les contours des grands classiques que sont les tablettes ou bonbons de chocolat : cet intérêt pour l'exotisme et les saveurs "uniques" est repris par 6 personnes sur 10 dans cette région du monde. 

Un "Triple Play" en passe de devenir le standard du marché dans les années à venir

Ce qui est bon au goût doit également être bon pour le corps et pour la planète. Les spécialistes de la Chocolate Academy™ ont baptisé cette intersection de sujets le "Triple Play" : 71% des consommateurs Européens considèrent que, désormais, le chocolat doit être en capacité à conjuguer ces éléments. Parmi les principales préoccupations sur ces aspects, l'absence d'additifs permet, pour 68% de ce public, d'affirmer que les produits chocolatés sont dignes de confiance. 64% recherchent également des références moins sucrées, voire sans sucre : c'est une opportunité majeure pour le développement des chocolats au laitdits "dark milk", avec une teneur en cacao supérieure ou égale à 50%. Le végétal, souvent évoqué comme une tendance lourde de l'industrie agro-alimentaire, continue de grandir même s'il n'est pas le point d'intérêt majeur des chocovores. Ils ne sont que 33% à être en quête de chocolats vegan ou d'origine végétale, principalement car ils considèrent que ces produits sont plus sains pour eux : c'est la raison principale de consommation, à hauteur de 43%, selon un sondage réalisé par Qualtrics pour Barry Callebaut en novembre 2021 dans 8 pays (États-Unis, Australie, Royaume-Uni, Allemagne, France, Italie, Espagne, Pologne). Le goût vient en deuxième position à 41%, loin devant l'inquiétude face au dérèglement climatique (22%) ou une sensibilité au bien-être animal (23%).

Cet attrait pour les produits respectueux de la santé humaine pose les bases d'un nouveau segment de marché, encore à l'état de niche : les gourmandises "fonctionnelles" sont promises à un avenir radieux. Près de 70 % des consommateurs dans le monde aimeraient consommer des chocolats enrichis pour la santé (par exemple, en macro et micro nutriments). La présence de protéines et d'ingrédients énergisants compte parmi les points d'intérêt majeurs pour les Européens (à hauteur de 63% et 59%). Plus globalement, ils sont 60% à s'orienter vers des chocolats sains ou aux ingrédients bons pour leur santé. Cela pourrait prendre la forme de snacks nutritifs, répondant ainsi à une double tendance (une consommation nomade avec des produits sains), mais aussi s'intégrer aux fabrications plus traditionnelles, à l'image des tablettes mises au point par la jeune marque française Delikao.

L'ensemble de ces tendances devrait animer les laboratoires et boutiques tout au long de l'année 2024, et trace de nouvelles perspectives pour les métiers de la pâtisserie et de la chocolaterie : devant évoluer dans un cadre contraint, les professionnels auront la lourde tâche de redoubler de créativité afin de rester en phase avec les attentes de la société... et transmettre une approche renouvelée de leur savoir-faire aux nouvelles générations, sans jamais mettre de côté le plaisir.

(Sources : Euromonitor, 2023 / Innova 2023 / étude interne Barry Callebaut à l’échelle mondiale, 08/2023)