Investissement
Achat et entretien du matériel : la clé du succès ?
L’évolution du secteur de la boulangerie-pâtisserie a fait prendre conscience à de nombreux artisans qu’il est important d’avoir une politique d’investissement rondement menée. Elle a souvent été négligée ou réalisée de manière aléatoire, cela a eu pour effet d’augmenter le nombre de boulangeries avec du matériel obsolète, peu entretenu et en mauvais état de fonctionnement, car l’artisan n’a pas été en état de se financer. Pire encore, cela a parfois été fait sciemment pour de simples raisons mercantiles.
Parmi les problématiques que rencontrent les artisans, celle relative à la masse salariale occupe une place importante. Pour attirer et fidéliser des équipes, le niveau d’équipement des locaux, leur niveau d’entretien ainsi que la qualité d’agencement des locaux, sont déterminants. Il s’agit même d’un élément de différenciation au sein de l’environnement concurrentiel : lors de leurs différents essais, les candidats arbitrent leur décision en prenant de plus en plus en considération ce paramètre.
Une action cohérente et vertueuse au service de l’entreprise et de ses clients
Nous entrons alors dans un cycle vertueux : la politique d’investissement de l’artisan va lui permettre d’attirer des candidats sérieux et impliqués sur le long terme, lesquels seront aptes à fournir un travail de meilleure qualité grâce à un matériel performant.
Les produits seront appréciés des clients, entraînant une croissance des ventes : l’artisan augmentera ainsi ses marges bénéficiaires et sera en capacité d’entretenir ses équipements et de réinvestir. Même si la vie d’une entreprise de boulangerie n’est pas si simple, cela améliore sur le long terme le fonctionnement de l’exploitation d’un artisan désireux de s’engager au service de ses équipes et de sa clientèle.
Le cycle vertueux n’est pas encore terminé, car l’entrepreneur qui investit bénéficiera, au moment de sa vente, d’une meilleure valorisation de son entreprise. La qualité du matériel, son niveau d’entretien, ainsi que la qualité des locaux sont, entre autres, des éléments à pondération élevée lors de l’évaluation de la valeur du fonds de commerce.
Ces éléments nécessitent une réflexion bien en amont : la politique d’investissement doit se mettre en place avant même l’acquisition de l’exploitation, d’où l’importance d’une évaluation au plus juste du prix de cession, car souvent, un prix de cession trop élevé, eu égard au niveau d’équipement de l’entreprise, entraînera une incapacité à financer pleinement les investissements, sauf à y injecter un apport personnel encore plus important. En conséquence, le retour sur investissement se trouve considérablement retardé.
La capacité d’autofinancement, une variable de gestion essentielle
Nous considérons qu’une exploitation financièrement et économiquement viable devrait dégager au minimum une capacité d’autofinancement (CAF) 1,3 fois supérieure au remboursement du capital des emprunts. Pour rappel, la CAF, de façon simplifiée, est l’ensemble du cash généré par l’exploitation. Il s’agit des flux réellement encaissés sur une période donnée. La CAF va servir à financer les investissements, rembourser les prêteurs (banques, meuniers, propriétaires et autres) et procéder à de nouveaux investissements.
Globalement, il s’agit du résultat net de l’entreprise, auquel nous réintégrons les charges soustraites qui n’ont pas donné lieu à un décaissement de cash. De manière simple, cet indicateur se calcule en additionnant le résultat net (RN) au montant de dotation aux amortissements (charges en compte de résultat qui sont venues baisser le RN mais qui ne sont jamais sorties du compte bancaire). Cette notion d’amortissement pourrait être abordée dans un prochain billet.
Exemple
Remboursement de l’emprunt bancaire (capital) : 100 K€/an
Remboursement du prêt meunier (capital) : 15 K€/an
CAF : 1,3 x 115 K€ = 150 K€
Néanmoins, apportons la précision suivante : si le choix de financement du matériel s’effectue via un crédit-bail mobilier, alors les échéances de remboursement seront intégrées en charges dans le compte de résultat, donc déduites de la CAF. Il est donc important de considérer ces propos comme une explication simplifiée des grandes lignes du mécanisme de financement des investissements.
Intégrer la politique d’investissement au prévisionnel
Le prévisionnel ainsi établi devra viser ce seuil bas lors de sa réalisation et définir clairement cette fameuse politique d’investissement :
- Audit du niveau d’équipement actuel.
- Définition des besoins.
- Valorisation des besoins.
- Réalisation des devis auprès des professionnels.
- Recherche des différentes aides : exemple via www.place-des-entreprises.beta.gouv.fr
- Définition des différents modes de financement (acquisition, crédit-bail, location…).
- Durées et différés.
Cohérence entre la typologie de l’emplacement, la typologie des locaux et le positionnement commercial choisi.
En résumé, il est essentiel d’envisager sous tous ces aspects la politique d’investissement à mettre en œuvre, afin de pouvoir perdurer et atteindre chacun des objectifs fixés pour l’entreprise, et ceci, à chaque étape de son cycle de vie, de l’acquisition à la cession. Pour y parvenir, l’accompagnement par des professionnels et autres organismes privés ou gouvernementaux s’avère particulièrement précieux.