Grands Moulins de Strasbourg, chronique d'une disparition annoncée

Plus aucun grain n'entre sur le site depuis octobre 2022. Ce qui était le plus grand moulin d'Europe en activité pourrait disparaître dans les prochains mois : en effet, les Grands Moulins de Strasbourg (renommés les moulins Advens), propriété du groupe Advens depuis janvier 2019, seraient appelés à connaître l'épilogue d'une histoire mouvementée avec la cessation définitive de l'activité industrielle sur le site. Malgré les ambitions affichées par l'entreprise dirigée par Abbas Jaber, le soulagement n'aura été que de courte durée pour les salariés du site, qui devraient être fixés sur leur sort dans les prochaines semaines. Un plan social, initialement annoncé pour janvier, a été reporté, sans qu'Advens ne communique précisément sur les contours du projet.

Un projet de relance avorté

Créances irrecouvrables en Afrique, condamnations par les aurorités de la concurrence... les difficultés ont emmené le groupe Grands Moulins de Strasbourg vers la cessation de paiement en 2018 sont nombreuses et ont fait chuter une entreprise qui comptait parmi les leaders français du secteur, avec 8 moulins à son actif. Advens souhaitait donner un nouvel élan à la structure en misant sur l'export (notamment vers le continent africain) et des synergies intra-groupe. L'entreprise pouvait aussi compter sur des marques reconnues par les consommateurs, telles que Gruau d'Or ou Dakatine. 10 millions d'euros d'investissements sur cinq ans devaient accompagner le plan de relance... qui ne sera pas mené à son terme. A présent, les 80 salariés restant (ils étaient 147 à la reprise) sur le site de Strasbourg pointent chaque jour sans avoir d'activité. Plusieurs d'entre eux ont fait le choix de démissionner sans attendre la mise en oeuvre d'un plan social, à l'image du directeur dont le départ a été confirmé courant février.

Des destins séparés pour les différents sites du groupe

Si plusieurs des unités de production du groupe devraient rejoindre les Moulins Soufflet, à l'image du Moulin Deligne (Chambly, 60), le site historique pourrait changer radicalement d'orientation, même si la direction n'a pas exclu de procéder à sa vente à un autre acteur meunier. Cependant, l'outil est à présent largement dépassé vis à vis de la configuration du marché. L'exemple des Grands Moulins de Corbeil, propriété des Moulins Soufflet, témoigne de l'obsolescence de ces mastodontes meuniers : l'entreprise a en effet choisi de reconstruire un nouveau moulin sur le site, moins capacitaire mais plus optimisé. Dès lors, les bâtiments peuvent s'ouvrir à une nouvelle vie. Un promoteur immobilier aurait visité le site strasbourgeois ces dernières semaines. Plusieurs reconversions de ce type ont déjà été menées, à l'image des Grands Moulins de Paris dans le 13è arrondissement mais aussi à Pantin, qui accueillent respectivement une université et une entreprise bancaire.