CONJONCTURE
Energie : des meuniers en danger
Une situation critique et des entreprises trop peu protégées face à la crise énergétique, c'est l'amer constat réalisé par l'Association Nationale de la Meunerie Française (ANMF), qui se réunissait jeudi 17 novembre 2022 afin d'apporter à ses membres des solutions adaptées pour le court, moyen et long terme.
Si l'image d'entreprises solides et disposant de ressources considérables est encore largement diffusée, les meuniers sont très impactés par les problématiques rencontrées aujourd'hui sur le marché de l'énergie : non seulement le coût de leurs matières première a explosé ces derniers mois, avec un pic observé pour les cours du blé à 430€/t, mais leur exposition marquée aux variations des prix de l'électricité les rend très vulnérables. En effet, le processus de mouture étant réalisé par le biais de puissantes machines raccordées au réseau électrique, la facture peut être rapidement colossale.
Les marges réalisées par les meuniers comptent parmi les plus faibles du secteur agroalimentaire, comme en témoignent les études réalisées par l'Association Nationale des Industries Alimentaires (ANIA). Dès lors, il ne leur est pas possible d'absorber des coûts multipliés par 4 voire 7 comme c'est le cas aujourd'hui pour l'énergie. L'ANMF, par la voix de son président Jean-François Loiseau, milite pour un meilleur accompagnement du secteur : de par leur taille, les meuniers ne sont pas éligibles à la plupart des aides mises en place par le gouvernement "Les dispositifs d’aide de l’Etat ne sont pas suffisants. Les meuniers ne sont pas éligibles aux aides d’urgence ; et l’encadrement du prix de l’électricité "amortisseur" annoncé par le gouvernement est très insuffisant. Au dela d’un coût de l’électricité de 180 euros/Mwh, l’avenir de nos entreprises est compromis. Nos voisins polonais, espagnols, allemands… protègent leur industrie en captant les prix de l’électricité. Nous attendons un engagement similaire pour l’industrie agroalimentaire qui a été en première ligne pendant la crise COVID".
Au delà de cette attente, la filière s'inscrit dans une logique de progrès et d'innovation. Une étude d'ampleur est en cours afin d'identifier des pistes permettant de réduire encore la consommation énergétique des moulins, avec des résultats attendus courant 2023.
De par leur configuration, les moulins peuvent également devenir producteurs d'énergie, aussi bien en photovoltaïque qu'en hydroélectrique, beaucoup de sites se situant de façon historique à proximité de cours d'eau. Des stratégies d'effacement peuvent se dessiner, avec en ligne de mire un objectif de résilience et de partage entre les acteurs de la filière, qui a entretenu pendant cette journée énergie des échanges constructifs et résolument orientés vers la durabilité d'un métier essentiel à la souveraineté alimentaire du pays... et à la survie de la boulangerie artisanale.