Prévention
Travail par fortes chaleurs : obligations et bonnes pratiques
En tant qu'employeur, vous avez la responsabilité de veiller à la sécurité et au bien-être de vos salariés. Alors que les températures estivales grimpent, il devient crucial pour vous, boulangers, de prendre des mesures pour protéger votre santé et celle de vos employés.
Un environnement de travail à risque
Les boulangeries sont particulièrement vulnérables aux effets de la chaleur. Entre les fours qui tournent en continu et le besoin de maintenir une cadence élevée, la température peut rapidement devenir un facteur de stress et d'affaiblissement.
Il n'existe pas de seuil précis dans le Code du travail à partir duquel un lieu de travail est considéré comme dangereux à cause de la chaleur, mais pour les activités physiques comme la boulangerie, la vigilance s'impose dès que le mercure dépasse 28°C. Au-delà de 33°C, les risques pour la santé augmentent significativement, d'après l'INRS et la CNAMTS.
Quelles sont les obligations de l'employeur ?
L'article L4121-1 du Code du travail stipule que vous devez prendre "les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs". Cela signifie que, dans le contexte d'une canicule, vous devez impérativement :
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Évaluer les risques thermiques : ces risques doivent être clairement identifiés dans le Document Unique d'évaluation des risques (DU), en particulier les risques liés à la chaleur.
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Ventiler et rafraîchir les locaux : assurez-vous que l'air circule correctement.
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S'aménager des zones fraîches et/ou ombragées, s'équiper de stores supplémentaires.
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Mettre de l'eau à disposition : veillez à ce que chaque salarié dispose d'au moins trois litres d'eau par jour, sous forme de bouteilles, de fontaines ou de carafes filtrantes.
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Aménager les horaires : envisagez de décaler les heures de travail pour éviter les périodes les plus chaudes de la journée.
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Privilégier le travail en équipe, pour optimiser le relai entre salariés et leur permettre de prendre des pauses plus nombreuses.
Reconnaître les signes d'alerte
En cas de symptômes tels que crampes, essoufflements, confusion verbale ou vertiges, il est impératif d'agir immédiatement.
Ces signes peuvent indiquer un coup de chaleur ou une déshydratation, nécessitant une attention médicale urgente.
Existe-t-il un droit de retrait ?
Si un salarié estime que la chaleur crée un danger grave et imminent, il peut exercer son droit de retrait et cesser le travail sans risque de sanction, comme le prévoit l'article L4131-1 du Code du travail.
En cas de conflit, l'inspection du travail peut être saisie pour arbitrer la situation.
Des sanctions en cas de manquement
En cas d'accident du travail lié à la chaleur, l'Assurance Maladie peut engager la responsabilité de l'employeur.
Les sanctions peuvent aller d'une amende de 1.500 € pour une personne physique à 7.500 € pour une personne morale, avec des montants doublés en cas de récidive. Dans les situations les plus graves, une action pour "homicide involontaire" peut même être envisagée.