Apprentissage
Quelles sont les difficultés de formation qui émanent du secteur ?
Avec près de 9.000 postes vacants, la filière peut être qualifiée de « métier en tension ». Des difficultés qui pourraient s’aggraver avec la baisse du financement de l’apprentissage, en vigueur depuis le 1ᵉʳ septembre, entraînant par ricochet une dégradation de la qualité de formation. Pour relever la tête, l’artisanat pourrait bien être contraint de changer radicalement sa façon de concevoir la gestion des collaborateurs… et d’aborder le management.
Début juillet, France Compétences a annoncé qu'une réduction moyenne de 5 % s'appliquerait à partir du 1ᵉʳ septembre sur les niveaux de prise en charge (NPEC) financière pour environ la moitié des certifications (47 %) réalisées en contrat d'apprentissage. Les 500 millions d'euros d'économie envisagés auront un impact direct sur la qualité des formations dispensées auprès des jeunes.
De quoi susciter la colère du réseau des chambres de métiers et de l’artisanat (CMA), qui a dénoncé à plusieurs reprises, par la voix de son président Joël Fourny, la menace planant sur la « voie d'excellence » qu'est l’apprentissage : de nombreux cursus verraient ainsi leur pérennité affectée. 57 % des formations deviendraient déficitaires, touchant près de 55 % de l’effectif des apprentis.
Vers une réduction de la qualité des formations
Cette contraction des budgets pourrait toucher directement l’organisation des formations : sous l'effet de l'inflation, les charges des centres (CFA, instituts tels que l'INBP…) n'ont cessé de croître. La baisse du « coût contrat », devant couvrir les frais inhérents aux actes de formation, est vécue comme un coup de massue.
Ainsi, à l'Institut national de la boulangerie-pâtisserie de Rouen (76), le nombre d'heures de formation pour les apprentis CAP boulanger a fondu, passant de 600 à 400 heures.
Dans le même temps, malgré cette conjonction d'éléments, les taux de réussite à l'examen du CAP boulanger demeurent excellents, avec près de 80 % de diplômés à chaque session. En l'absence d'évolution du référentiel associé au diplôme, la baisse réelle du niveau des jeunes sortant du cursus continuera à s'opérer, sans bruit.
La charge qui incombe aux artisans dans la transmission du savoir-faire n’a jamais été aussi forte… sans qu’ils soient nécessairement en capacité de mener à bien cette action, par les difficultés économiques et organisationnelles présentes au sein de structures de petite taille.
Les retours de terrain sont inquiétants : des artisans engagés de longue date renoncent à la formation d’apprentis, pouvant être dépourvus face à une incompréhension grandissante des attentes des nouvelles générations.