CONJONCTURE
Le débat sur l'ouverture 7j/7 enterré par les difficultés de recrutement
Fermer deux journées par semaine finira-t-il par devenir la norme ? "Nous avons pris la décision de fermer mardi et mercredi" indiquent Audrey et Sébastien Ropers (installés à Guipavas, 29) à leurs clients, invoquant les difficultés de recrutement rencontrées en boutique "Voilà des semaines que nous recherchons du personnel en vente, sans succès". Une situation qui a fini par user les dirigeants autant que leur équipe "Nos 3 vendeuses actuelles, malgré toute leur bonne volonté, sont en difficulté". Ce cas précis est bien loin d'être isolé : il est symptomatique de la fragilité des entreprises artisanales et de leur faible attractivité, accentuée depuis la période de pandémie.
Le Covid-19 a marqué une rupture. Avant lui, le débat sur la possibilité d'ouvrir 7j/7 faisait rage, séduisant autant des réseaux de boulangerie aux équipes structurées que des artisans indépendants. Ainsi, la mesure imposant un jour de fermeture hebdomadaire pour les commerces de boulangerie a été abrogée dans plusieurs départements français, tels que l'Oise (60) ou les Hauts-de-Seine (92). Avec près de 21 000 postes à pourvoir, le secteur doit trouver de nouvelles pratiques pour assurer la bonne marche des entreprises.
Si le risque de perdre du chiffre d'affaires est réel en imposant un jour de fermeture supplémentaire, cela permet également de "retrouver un rythme de vie normal" comme le soulignent Audrey et Sébastien Ropers. De quoi espérer fidéliser l'équipe en place et attirer de nouveaux profils... mais aussi s'adapter à une réalité moderne, où la baisse de consommation de pain et de gourmandises sucrées (notamment liée à l'inflation) a rendu la place de la boulangerie moins centrale dans le quotidien des Français "notre métier change, les clients n'ont plus besoin de nous avoir 6 ou 7 jours sur 7" constate un artisan, séduit par l'idée d'ouvrir moins "J'ai vendu (mon commerce, ndlr) il y a un an et si je me réinstalle je ne serais ouvert que 5 jour par semaine".
En définitive, augmenter l'amplitude d'ouverture est une pratique qui trouve sa place dans un contexte de diversification des activités, avec la montée en puissance du snacking. La "néo-boulangerie", dont l'identité se rapproche de celle de la restauration rapide, s'est positionnée sur ce mode de fonctionnement. Cependant, il
Un rapport au travail en pleine transformation
"Les gens veulent travailler pour vivre et non pas vivre pour travailler" souligne un autre boulanger sur les réseaux sociaux, en réponse à l'annonce des artisans bretons. Une évolution culturelle qui peine à être mise en place dans un métier de labeur comme la boulangerie, où l'implication totale du chef d'entreprise et de ses salariés était perçue comme naturelle. Alors que des structures expérimentent la semaine de 4 jours, avec des résultats prometteurs en terme de productivité, la filière pourrait difficilement passer à côté de ce sujet de société... au risque d'amplifier encore ses difficultés de recrutement.