Environnement
Emballages : on vous aide à faire le tri des solutions
L’activité d’un boulanger-pâtissier induit l’utilisation de nombreux emballages, souvent à usage unique. À ce titre, ils sont soumis à des règles toujours plus strictes, afin de réduire l’impact écologique de la filière sur l’environnement. La loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) définit notamment de nombreux caps, avec des conséquences économiques et un déploiement parfois complexe, ce qui peut heurter des entrepreneurs déjà affectés par un contexte perturbé.
En vigueur depuis le 1er janvier dernier, l’obligation pour les enseignes de restauration rapide d’utiliser de la vaisselle réutilisable pour la consommation sur place (au sein des établissements de plus de 20 couverts) a été largement documentée : qu’il s’agisse de grandes enseignes ou de petites entreprises, la mise en œuvre du dispositif a observé un certain retard à l’allumage.
Les acteurs du secteur de la boulangerie-pâtisserie, concernés par leurs activités de snacking, peinent à déployer l’usage de ces nouveaux contenants. « À l’inverse d’une enseigne de restauration rapide classique, nous ne pouvons pas savoir le mode de consommation au moment de produire nos salades et plats chauds », témoignait Jean-François Feuillette lors d’une réunion du Cercle d’études de la boulangerie-pâtisserie (CEBP) consacrée au sujet des emballages.
Dès lors, l’enseigne qu’il dirige a dû systématiser l’utilisation de contenants réutilisables, en plastique rigide, y compris pour la vente à emporter. « La quasi-totalité ne revient jamais, et pour ceux réemployés, le lavage les dégrade rapidement. »
Une expertise nécessaire pour mener la transition vers les contenants durables
Des start-up se sont positionnées sur le sujet pour accompagner les entreprises à gérer ces transformations complexes. C’est notamment le cas de Pyxo, fondée en 2018 par Benjamin Peri et François des Beauvais, qui développe des solutions innovantes en associant technologie, emballages durables sélectionnés (avec tests à l’appui) et logistique optimisée.
Le modèle économique défendu par l’entreprise se base sur un coût d’usage (en lieu et place de la consigne, souvent préconisée), facturé au restaurateur ou boulanger, avec l’objectif qu’il soit, à terme, équivalent aux supports à usage unique. « La mutualisation des emballages, qui permet au client de ne pas revenir au même lieu pour rendre le contenant, est un outil puissant pour maximiser le taux de retour », précise Benjamin Peri.
Des efforts de transformation collectifs, impliquant fabricants, distributeurs, artisans et clients
Les fabricants et distributeurs de boîtes, sachets et autres consommables présents au quotidien dans une boulangerie-pâtisserie doivent également se réinventer. L’entreprise mayennaise MB Pack s’est engagée dans cette voie au travers de son programme Horizons 2025 et du déploiement de l’indice environnemental « L’eFFet Vert », qui évalue l’impact de chaque référence et fédère aujourd’hui plusieurs acteurs de la filière emballage.
« En passant du jetable au durable, nous changeons de modèle : nous ne vendons plus une offre mais des services », constate Laurent Lemarchand, codirigeant de MB Pack, devenue une entreprise à mission il y a plusieurs mois.
Le constat demeure cependant mitigé sur certaines pratiques devant être plus vertueuses. « L’impact environnemental des emballages en matériaux biosourcés est généralement supérieur à celui du plastique. C’est autant le cas pour les références associant plusieurs matières. »
Toutes les équipes et entreprises doivent être impliquées dans cet effort, ce qui permettra d’atteindre les 10 % d’emballages réemployables mis sur le marché sur le plan national d’ici à 2027, un objectif présent dans la loi AGEC.
En boulangerie-pâtisserie, de nouveaux réflexes sont à mettre en place : supprimer le caractère systématique du sachet pour le pain ou les viennoiseries (ce qui implique que le personnel de vente pose la question au client à chaque achat), rationaliser les conditionnements des matières premières…
« Il faut que le client prenne conscience du coût de l’emballage », tranche Jean-François Feuillette. Un coût réel, aussi bien économique qu’environnemental, ce qui rend les changements d’autant plus nécessaires.
Financer la fin de vie des emballages, une obligation pour la boulangerie-pâtisserie
La responsabilité élargie du producteur (REP), obligation inscrite dans le code de l’environnement depuis 1993, contraint les metteurs en marché de déclarer les emballages remis aux clients auprès d’un éco-organisme afin de régler une éco-contribution, finançant la fin de vie de ces supports (collecte, tri, recyclage…).
Depuis début 2022, l’article 62 de la loi AGEC impose également aux entreprises soumises à la REP de disposer d’un numéro d’identifiant unique (IDU) délivré par l’Ademe (l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), devant être repris sur les documents contractuels et conditions générales de vente.
Deux options sont possibles : réaliser les démarches d’enregistrement pour obtenir son IDU auprès du Système déclaratif des filières REP (Syderep) ou adhérer à un éco-organisme, tel qu’Adelphe, filiale de Citeo. Grâce à cette entreprise, il est possible d’obtenir rapidement cet identifiant, de réaliser la déclaration annuelle des emballages et de bénéficier d’un accompagnement sur les thématiques clés d’économie circulaire (veille réglementaire, études, décryptage des nouvelles tendances).