Céréales : après les augmentations, une crise durable ?

Les conséquences immédiates de la flambée observée sur le marché des céréales ont été largement documentées : l'inflation qui en résulte partiellement touche l'ensemble des acteurs de l'économie, et se répercute auprès des consommateurs qui voient leur pouvoir d'achat se réduire. 

De nombreux meuniers ont d'ores et déjà communiqué auprès de leurs clients pour revoir leurs prix de farine : avec un blé toujours proche des 400€/t sur le Matif (Marché à terme international de France), il était impossible d'assumer ces hausses sans mettre en péril leur activité. Ainsi, des entreprises comme les Moulins Bourgeois ont annoncé une hausse allant de 4€ HT le quintal pour les farines Biologiques à 8€ HT pour les conventionelles, sans pouvoir assurer que cela serait suffisant pour couvrir les nouvelles variations attendues dans les mois à venir.
Le prix du pain et des produits associés est, dans ce contexte, appelé à évoluer rapidement. Véritable valeur clé d'une boulangerie, la baguette avait été jusqu'alors préservée par les artisans, craignant une fuite de leur clientèle vers d'autres réseaux de distribution... mais cette position risque d'être difficilement tenable à moyen terme, étant donné que ce produit représente l'essentiel des volumes de farine dans ce type d'entreprise.
A l'inverse, les spécialistes des grands cultures se voient renforcés par cette conjoncture, à l'image des grandes coopératives que sont Vivescia, Terrena ou Axéréal. 

Au delà de l'aspect tarifaire, c'est aujourd'hui le spectre d'une crise durable qui se profile. En effet, au delà du seul aspect géopolitique lié aux événements survenus en Ukraine, la production céréalière verra ses rendements affectés dans les années à venir par les aléas climatiques, avec notamment la sécheresse et l'augmentation des températures moyennes.
En plus de servir à l'alimentation humaine, les grains sont utilisés pour nourrir le bétail (à hauteur d'environ 40% des céréales produites dans le monde) mais aussi fabriquer des agrocarburants ou des matériaux tels que le PLA (acide polylactique, polymère thermoplastique entièrement biodégradable). Des choix seront nécessaires pour garantir la sécurité alimentaire des populations, déjà soumises à la crainte d'une famine dans plusieurs régions, à l'image de l'Afrique. 
Pour y répondre, ces dernières peuvent se tourner vers la solution technologique pour assurer leur souveraineté alimentaire. Le programme Technologies pour la transformation de l’agriculture africaine (TAAT, de son acronyme anglais) a ainsi distribué des variétés de blé tolérantes à la chaleur à 1,8 million d’agriculteurs dans sept pays, ce qui a permis d’augmenter la production de blé de plus de 1,4 million de tonnes, pour une valeur de 291 millions de dollars.