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Antoine Bodineau, Focus Agencement « Le métier d’agenceur de magasin est en train de changer »
Concevoir des boutiques de boulangerie est un art délicat, demandant soin, maîtrise... et expérience. C’est la précieuse association de ces trois éléments qui a assuré le succès des entreprises d’agencement spécialisées, dont la signature se retrouve encore dans de nombreux points de vente. Longtemps prescriptrices de tendances, elles doivent aujourd’hui mieux s’adapter à l’identité de chaque artisan.
En boutique comme au fournil, la boulangerie-pâtisserie s’ouvre progressivement à une nouvelle forme de sobriété. Bien plus qu’une tendance, cette évolution ne trouve pas uniquement ses racines dans le domaine économique : moins de linéaires, des gammes de produits plus courtes, une boutique mieux intégrée dans son environnement... autant de sujets qui permettent à l’artisan de développer son attractivité tout en rationalisant le fonctionnement de son entreprise. Antoine Bodineau, cofondateur de l’agenceur normand Focus Agencement, témoigne de cette transformation : « Nous rencontrons une nouvelle génération de boulangers, plus centrée sur le produit. » Ces profils exigeants n’hésitent pas à consulter plusieurs prestataires, à la recherche « d’une idée, d’une approche qui correspondra à leurs attentes. Cette concurrence saine et réelle nous incite à faire progresser notre offre et notre capacité d’accompagnement ». L’« âge d’or » du secteur est passé : dans les années 2000, les entreprises spécialisées dans la réalisation de boutiques de boulangerie-pâtisserie étaient moins nombreuses, et l’argent disponible pour mener ces travaux était au rendez-vous. Si Focus Agencement est né en 2021, Antoine Bodineau et Alexandre Hanot, son associé, ont vécu cette période de l’intérieur... jusqu’à vouloir voler de leurs propres ailes, encouragés par la période Covid.
Des projets plus simples au service de l’artisan et de ses produits
« Nous sommes en capacité de mener des projets simples : pour seulement 40 000 €, la peinture, l’éclairage, la devanture et les vitrines de la boutique sont rénovés. C’est notamment une action indispensable lors de la reprise d’un établissement pour marquer le changement », indique le dirigeant, qui n’hésite pas à citer l’exemple d’un client pour qui un tel dispositif a permis une augmentation du chiffre d’affaires de 18 %... rentabilisant l’investissement dès la première année. À présent, le rôle de l’agenceur est de mieux conseiller les artisans pour trouver une cohérence entre l’espace disponible en boutique et leurs capacités de production. « Les boutiques ont longtemps été peuplées de nombreux linéaires, eux-mêmes composés de plusieurs étages... créant un vide peu esthétique à certaines heures de la journée. » C’est une nouvelle façon de valoriser le produit qui s’impose peu à peu, avec un regain d’intérêt pour le pain, dont le positionnement se rapproche du client depuis près de 3 ans « au travers de tables dédiées, accompagnées d’un espace de découpe et de pesée ». Les restrictions sanitaires liées au Covid-19 ont également eu raison de l’intérêt porté à la gondole libre-service, généralement dédiée au snacking. Au-delà des questions d’hygiène, elles ne correspondaient pas toujours à l’image d’une boulangerie-pâtisserie : « Une ambiance plus chaleureuse s’impose, avec consommation sur place et une offre de boissons chaudes qualitative, inspirée par les pratiques de pays étrangers... mais le changement est difficile à mener pour des entrepreneurs ayant déjà vécu la croissance de leurs points de vente, un retour en arrière étant particulièrement complexe. »
Dans ces nouvelles mutations du visage de la boulangerie, les artisans doivent être en capacité d’impulser la transition. « Les agenceurs de magasin ne créent pas les mouvements », ajoute humblement Antoine Bodineau. Ils sont aujourd’hui bousculés par une nouvelle concurrence, portée par des architectes d’intérieur offrant une approche plus « esthétique » de l’espace de vente. À eux de faire valoir, tout comme les boulangers, leur savoir-faire : robustesse des matériaux, efficacité dans la gestion du chantier, maîtrise de la marche en avant des produits... autant de sujets sur lesquels ils peuvent continuer de faire la différence.