CONJONCTURE
Des congés toujours plus courts en boulangerie artisanale
Le terme de "congés annuels" pourrait-il disparaître ? C'est en tout cas ce que l'évolution des fermetures estivales pourrait laisser penser. Si les artisans avaient pour beaucoup l'habitude de fermer leur établissement sur des périodes de trois à quatre semaines en juillet ou en août, la situation a considérablement évolué ces dernières années, comme l'indique Dominique Anract, Président de la Confédération Nationale de la Boulangerie Pâtisserie Française, au journal La Croix "Les boulangeries ferment de moins en moins longtemps. Pour arrêter son activité pendant tout un mois, il faut vraiment avoir les reins solides sur le plan de la trésorerie, et c’est de plus en plus rare.".
Cela traduit la fragilité des entreprises, qui ont vu leurs frais de fonctionnement s'accroître rapidement, sans être toujours en capacité de les répercuter auprès de leur clientèle. La suppression en 2015 du système de réglementation des congés, notamment en vigueur à Paris, a amplifié la liberté des chefs d'entreprise tout en mettant l'artisanat face à la concurrence de la grande distribution si aucun accord local n'est trouvé entre artisans : certains secteurs ou villes entières peuvent ainsi être privées de pain frais artisanal pendant plusieurs jours... ce qui a pour effet de les envoyer vers d'autres segments d'offre, parfois durablement.
Si d'importantes structures peuvent rester ouvertes de façon continue, beaucoup de boulangeries indépendantes ne disposent pas des moyens humains pour mettre en oeuvre un tel dispositif. La réalité économique les pousse cependant à l'envisager, au prix d'efforts importants ainsi que d'un risque de lassitude pour les salariés et les chefs d'entreprise.