CONJONCTURE
Ascension historique pour les cours du blé
La Guerre en Ukraine n'a pas fini d'avoir des répercussions sur notre vie quotidienne, à la fois par sa proximité avec notre pays et de par les répercussions du conflit sur les marchés mondiaux.
Ainsi, les cours du blé ont connu ces derniers jours une montée spectaculaire, atteignant un niveau proche des 400 euros la tonne en ce début de semaine... alors qu'ils ne dépassaient pas les 300 à la fin février. Cette hausse inédite s'explique par la position occupée par l'Ukraine et la Russie sur le marché de la céréale : ce sont deux grands producteurs et exportateurs de blé vers des pays comme le Maghreb, le proche et le moyen Orient.
Ces derniers, privés d'approvisionnement à travers la Mer Noire du fait des blocages liés au conflit, doivent se tourner vers d'autres partenaires. L'origine France tire notamment son épingle du jeu, même si les quantités disponibles ne parviendront pas à couvrir les besoins à moyen terme. Ce risque de pénurie alimente la hausse des cours, en plus de faire planer un risque de famine dans plusieurs régions du globe, où le blé continue de faire partie de l'alimentation de base.
La Chine a, de plus, annoncé une récolte extrèmement mauvaise, voire la pire de son histoire, selon son propre ministère de l'Agriculture. En cause, de rares pluies abondantes l'an dernier et un retard dans la plantation, ce qui laisse envisager des besoins d'importation conséquents pour le plus gros consommateur de blé au monde.
Autre élément aggravant, la forte dépendance au gaz provenant des pays de l'Est a un impact sur les prix des engrais. Ce budget, qui avait déjà presque doublé pour la plupart des transformateurs, pèsera lourd sur les coûts de la prochaine campagne.
En France, le président d'Intercéréales (et également président de l'Association Nationale de la Meunerie Française (ANMF)) Jean-François Loiseau, a appelé à la solidarité entre filières et à mettre en culture les terres en jachère afin de maximiser la production, tout en réarmant l'agriculture et l'agroalimentaire en France et en Europe. Une façon de se redévelopper une forme de souveraineté alimentaire, que la situation actuelle démontre être essentielle pour faire face aux aléas. La solidarité passera également par l'acceptation des hausses de prix sur l'ensemble des maillons de la chaine, y compris en boulangerie où les prix de farine connaîtront très certainement de nouvelles augmentations dans les mois à venir.