Économie
Faire revivre les centres-villes face aux zones commerciales
L’opposition des zones commerciales situées en périphérie des grandes villes et des commerces de proximité ne semble plus si forte selon Hervé Comot, Directeur B to B chez Verywear Groupe. Explications.
Le retail park (zone commerciale en périphérie d’une ville) est le modèle commercial le plus plébiscité actuellement en France ! Plusieurs raisons : des superficies assez grandes (difficiles à trouver en centre-ville) pourvues de zones de stationnement gratuites ainsi qu’une offre de services, de restauration et de divertissement condensée. En 2018, l’hexagone possède le plus haut ratio de centres commerciaux par km2 en Europe. Ce fort développement a eu un impact non négligeable sur les centres des petites et moyennes villes.
Cohabitation zone commerciale et centre-ville
L’apparition d’une force commerciale excentrée ne justifie pas la désertification des centres-villes. D’autres critères, comme le tourisme ou le dynamisme de la commune, sont des facteurs déterminants dans l’animation d’un centre-ville. Le marché est un de ces éléments clés. Les villes qui n’ont pas conservé ces animations ou qui n’ont pas investi dans le centre-ville ont perdu de leur attractivité et de leur vitalité et tendent parfois à se transformer en villes-dortoirs. En revanche, les centres-villes en périphérie de métropoles réussissent à conserver, pour la plupart, des centres dynamiques : marchés, services et commerces de proximités, généralement combinés à plus de stationnement.
No parking, no business
Si les rues piétonnes sont agréables, le stationnement des véhicules reste un fort accélérateur de commerce et son absence a un impact sur les centres-villes. L’urbanisme a donc un rôle important à jouer dans le réinvestissement des centres-villes. Pour les redynamiser, une véritable stratégie est nécessaire : reconstruire la proximité au cœur des villes, investir dans des commerces à taille humaine avec un fort relationnel, afin d’aider les petits commerçants à s’installer et à se positionner face à l’offre moins personnalisée des retail parks. Les élus locaux doivent mettre retail park et centres-villes dans une perspective de complémentarité. Comme le concept de l’association « Ma boutique à l’essai », qui entend lutter contre les « dents creuses » (désertification des centres-villes qui voient leurs commerces de proximité fermer un à un). Comment ? En révisant le droit au bail avec des loyers plus modérés et en permettant à la commune d’être un acteur de l’organisation commerciale de la ville. Cette dernière se porte caution auprès d’un commerçant avec un bail à l’essai, qui l’affranchit d’un droit au bail exorbitant lors de son ouverture et d’une indemnité de rupture de contrat.
Stratégie urbaine globale
Il faut réfléchir à une stratégie urbaine globale : les ZAC, les galeries marchandes et les centres-villes,
3 modèles qui répondent à des besoins différents. Les opposer n’a pas de sens ! Il faut miser sur leur complémentarité pour réenchanter les centres-villes et satisfaire les désirs des habitants, entre terrasses calmes et stationnements pratiques. Les commerçants doivent prendre cette cartographie en compte dans leur stratégie commerciale. Un constat d’autant plus vrai qu’une importante tendance s’amorce : la segmentation de la population selon leurs pratiques de consommation !