PRATIQUE
Tickets restaurant papier, vers une disparition accélérée ?
Véritable outil de pouvoir d'achat pour des millions de français, les tickets restaurants sont à présent refusés par un nombre croissant de professionnels depuis le début de l'année 2023. En cause, un changement de fonctionnement dans le traitement des tickets papier et des commissions élevées, qui deviennent particulièrement pesantes dans un contexte où les artisans, qu'ils soient boulangers-pâtissiers ou restaurateurs, contraignent leurs marges afin de préserver leur clientèle.
Créée en 1972 par les trois principaux émetteurs de titres restaurant (Edenred France, UP et Sodexo Pass France), la Centrale de Règlement des Titres (CRT) cessera son activité à la fin du mois de février. Un changement qui promettait un véritable casse-tête pour les commerçants, qui auraient été contraints d'adresser les titres individuellement à chaque prestataire afin d'en obtenir le règlement, alors qu'ils avaient pris l'habitude de les transmettre de façon groupée via des centres de collecte tels que les entrepôts METRO.
Face aux inquiétudes, les émetteurs ont sélectionné un partenaire commun, ce qui facilitera la tâche des commerçants. Pour autant, cela ne parvient pas à convaincre des entrepreneurs qui font le choix de renoncer à ce type de paiement, ce qui est leur droit dès lors qu'ils en informent clairement leurs clients.
Cette évolution pourrait accélérer la disparition totale des titres restaurant en version papier. Elle n'est aujourd'hui pas prévue par le décret de 2014 qui autorise le déploiement des supports dématérialisés, mais le gouvernement a été interpelé en ce sens par les restaurateurs, tandis que les opérateurs abondent dans ce sens, ce qui simplifierait une solution devenue trop complexe pour des entreprises indépendantes.
Le sujet des commissions est tout aussi sensible : elles sont jugées trop élevées, et ce tout particulièrement sur les moyens dématérialisés. En réponse, les émetteurs répondent que les coûts inhérents au traitement du format papier (conservation, risque de vol, tamponnage, découpe des coins, envoi ou dépôt...) disparaissant, les commerçants finissent par réaliser des économies. Concrètement, la commission peut atteindre jusqu'à 4 à 5% du chiffre d'affaires sur ce moyen de paiement, une partie de cette dernière étant justifiée par le rôle d'"apporteur d'affaires" qu'ils entretiennent.
Avec l'élargissement de la liste de produits pouvant être réglés en titres restaurant et le contexte économique, un nombre croissant d'artisans pourrait ainsi être tenté de s'affranchir de ce système. Comme le rappellent régulièrement les émetteurs, rien n'oblige les commerçants à souscrire à ce service... avec la perte de clientèle potentielle que cela peut générer.