Pouvoir d'achat : de nouveaux arbitrages de consommation

Plus de 5% d'inflation en mai 2022 par rapport à l'an passé : ce chiffre est aussi marquant que synonyme d'impacts réels pour le quotidien des consommateurs et, par effet de ricochet, celui des artisans et entreprises. Ainsi, selon un sondage réalisé fin mai par l'institut Appinio pour LSA, 77 % des Français sont au moins plutôt inquiets pour leur pouvoir d’achat et 91 % trouvent que l’alimentation est un des domaines où leurs dépenses ont le plus augmenté.

Mécaniquement, les ménages réduisent les dépenses dévolues à leurs plaisirs -basés sur "ce qu'il reste quand tout est payé"- et réorientent leur consommation. Ainsi, le secteur du bio a été parmi les premiers touchés, avec un véritable retournement du marché : la consommation de produits bio a baissé de 1,34% par rapport à 2020, alors même que les prix n'étaient pas orientés à la hausse d'une façon aussi massive.
Ce premier effet de bord en laisse présager d'autres, qui pourraient bien toucher la boulangerie-pâtisserie avec une réduction des dépenses sur des segments tels que la viennoiserie ou la pâtisserie. De plus, une partie de la clientèle, du fait de la baisse de son niveau de vie, se réoriente vers d'autres réseaux de distribution, tels que les grandes surfaces ou les enseignes à dominante marque propre (EDMP, à l'image d'Aldi ou Lidl). En plus de proposer des prix bas sur les produits de première nécessité, ces enseignes se sont positionnées sur le marché du pain de façon agressive ces dernières années... et la conjoncture actuelle pourrait bien renforcer leurs positions de façon durable.

Plus que jamais, c'est la qualité de la relation entretenue avec sa clientèle locale et la cohérence de la prestation globale qui feront la différence. Cela passe notamment par l'optimisation du rapport qualité-prix des productions, au travers de références rationnelles et fabriquées avec des matières premières sélectionnées, qui seront source de préférence et de fidélisation. Pour maintenir la place du pain artisanal dans les arbitrages des ménages, son caractère accessible devra être préservé, malgré les hausses de prix inévitables... ce qui implique une gestion responsable et des marges positives pour chaque activité.