Prévention - Santé
Nutri-Score : une étude d'envergure corrobore sa pertinence
Omniprésent dans les rayons alimentaires, le système d’étiquetage nutritionnel a fait l'objet d'une vaste étude, dont les résultats ont été publiés en septembre dans la revue The Lancet Regional Health Europe. Cette recherche, conduite par une équipe d’experts français en collaboration avec le Centre international de recherche sur le cancer (OMS-CIRC), montre un lien significatif entre la consommation d’aliments mal notés au Nutri-Score et un risque accru de maladies cardiovasculaires.
L’étude a suivi 345.533 personnes sur une période de dix-huit ans, entre 1992 et 2010, dans sept pays européens (France, Belgique, Allemagne, Espagne, Pays-Bas, Suisse, et Luxembourg). Chaque aliment consommé par les participants a été noté selon la nouvelle version de l’algorithme du Nutri-Score, qui prend davantage en compte les effets négatifs du sucre, du sel et des graisses saturées, tout en valorisant la présence de fibres et d'autres nutriments bénéfiques.
Les résultats sont clairs : les personnes consommant régulièrement des produits mal notés par le Nutri-Score ont un risque plus élevé de développer des maladies cardiovasculaires, telles que l’infarctus du myocarde ou les accidents vasculaires cérébraux (AVC). Sur les 16.214 cas de maladies identifiés, 656 concernaient des infarctus et 6 245 des AVC. Ces résultats sont restés significatifs même après ajustement pour des facteurs tels que l'âge, le sexe, le mode de vie et le niveau socio-économique.
Un signal fort pour les métiers de bouche
Pour les professionnels des métiers de bouche, ces résultats soulignent l’importance de la composition nutritionnelle des produits proposés aux consommateurs. Les artisans bouchers, boulangers, pâtissiers ou traiteurs, tout comme les restaurateurs, jouent un rôle crucial dans l'alimentation quotidienne des Français. S’ils mettent en avant des produits sains et équilibrés, ils participent directement à la réduction des risques de maladies chroniques chez leurs clients.
Cela pose également la question des choix à privilégier dans la fabrication et la transformation des produits. De plus en plus, les consommateurs cherchent des alternatives plus équilibrées, et le Nutri-Score peut être un outil précieux pour orienter ces choix. Proposer des aliments mieux notés (catégories A ou B) permet non seulement de répondre aux attentes des clients, mais également de valoriser son image en tant qu’artisan soucieux de la santé publique.
Vers une obligation du Nutri-Score en Europe ?
Ces nouvelles données renforcent les arguments en faveur de la généralisation du Nutri-Score à travers l’Europe. La directrice de recherche à l’Inserm, Mathilde Touvier, plaide d’ailleurs en ce sens, affirmant que cette étude fournit des preuves solides pour rendre l’utilisation de ce logo nutritionnel obligatoire dans l’Union européenne.
En France, certains acteurs de l'industrie agroalimentaire, comme Danone, ont récemment pris des décisions controversées en retirant le Nutri-Score de certains produits défavorablement notés, ce qui relance le débat sur la transparence des informations nutritionnelles.
Un système perfectible, mais indispensable
Bien que le Nutri-Score ne soit pas exempt de critiques, notamment pour sa simplification de la complexité nutritionnelle des aliments, il reste un outil utile pour informer rapidement les consommateurs. Pour les professionnels des métiers de bouche, l'adoption de cet indicateur peut également constituer une opportunité de se distinguer en offrant des produits de meilleure qualité nutritionnelle.
D’autres experts soulignent toutefois qu’un logo seul ne suffit pas. Une éducation alimentaire plus vaste et une approche globale de la nutrition sont nécessaires pour permettre aux consommateurs de faire des choix éclairés.