Notre machine ? On lui a donné une âme

Le constat de Jean-Louis Hecht est sans appel : « En France, quatre villages sur cinq n’ont pas de boulangerie alors que, le pain, c’est pour tout le monde, tous les jours ». Un leitmotiv qui l’a poussé à concevoir le Panivending, le premier cuiseur et distributeur automatique de baguette au monde !

Son concept, Jean-Louis Hecht y a mis toutes ses tripes et son énergie pendant quinze ans. Ce Mosellan, boulanger de formation, avoue avoir eu l’idée du Panivending car il était « fainéant » et qu’il voulait créer « une machine qui cuit et vend du pain à ma place ». Fainéant ? Difficile à croire à en juger par le parcours de l’artisan qui a mis les mains dans le pétrin à 14 ans à peine, a créé une boulangerie à Hombourg-Haut (57) en 1986, puis qui a repris quatre boulangeries à Paris avec deux de ses frères en 2000.

Deux premiers prix au concours Lépine

L’aventure Panivending démarre, elle, en 2001 avec le dépôt d’un brevet et la création du premier prototype, aidé d’un ami technicien et des élèves du lycée professionnel du secteur qui s’occupent de la partie « câblage ». Dès l’année suivante, la machine attise la curiosité au Salon Europain. Jean-Louis Hecht peine pourtant à trouver des entreprises partenaires pour lancer la fabrication et devra se tourner vers le Portugal. La commercialisation débute doucement jusqu’à un tournant décisif en 2013 et 2014 où le Panivending remporte coup sur coup les premiers prix des concours Lépine pour l’Europe à Strasbourg, puis pour l’International à Paris. Aujourd’hui, dans des locaux flambant neufs et avec le soutien des collectivités locales comme de sa banque, Jean-Louis Hecht entrevoit l’avenir avec optimisme. Près de 45 Panivending sont vendus et installés chaque année.

Des bénéfices dès le premier jour

Sa force ? Une technologie de pointe (lire en encadré) et l’assurance pour les boulangers d’augmenter leur chiffre d’affaires. « Quand un artisan investit dans un nouveau four ou un nouveau pétrin, ça ne leur ramène pas un centime de plus dans leur tiroir-caisse alors qu’avec ma machine, dès le premier jour d’installation, on fait du bénéfice ! », affirme-t-il. Et forcément, quand on sait que certains boulangers peuvent charger jusqu’à quatre fois leur machine par jour, par fournée de 120 baguettes, cela laisse rêveur ! « Ça pérennise beaucoup les petites activités, surtout dans les villages éloignés où il n’y a pas de boulangerie. On est d’ailleurs souvent sollicité par les municipalités des communes rurales. Il faut vraiment que les boulangers se rendent compte qu’ils ont une carte à jouer à ce niveau et que la modernité a du bon », explique Jean-Louis Hecht. À la location ou à l’achat, les Panivending commencent à se multiplier « comme des petits pains » dans le paysage lorrain (dont une prochaine à Verdun dédiée au pain bio), mais aussi en Allemagne, en Suisse, et même à Mexico !

Un procédé incomparable

Selon Jean-Louis Hecht, « cette machine n’aurait pas pu être construite il y a cinq ans. » Forcément, elle est équipée de la crème de la technologie, d’un bras à robot, qui défourne le pain et le sert au client, et d’une solution entièrement électronique, qui permet aux boulangers de suivre les ventes en temps réel à partir de leur smartphone. Le distributeur connaît ainsi les plages horaires qui fonctionnent le mieux et prend donc l’initiative « par lui-même » de cuire par anticipation plus ou moins de baguettes. Le client a donc toujours du pain chaud et croustillant, quelle que soit l’heure de la journée, ou de la nuit ! « Plus qu’un cerveau, on a voulu donner une âme à notre machine », indique fièrement Jean-Louis Hecht.

En Chiffres

En moyenne, 107 baguettes vendues par jour, soit 40 000 € de recettes par an.
Le prix de la machine démarre à 50 000 € pour un modèle encastré.
Dans les années 80, il y avait 55 000 boulangeries en France. Il en reste 30 000.

Information : Panivending, 2 rue des Romains, Lachambre. Tél. : 03 87 83 06 54. www.panivending.com