CONSOMMATION
Le prix du pain peut-il baisser ?
La baisse du prix des matières premières a fait l'objet d'un large traitement médiatique : dans une période d'inflation continue, cela peut être ressenti comme une forme d'injustice par de nombreux consommateurs, entretenant le sentiment que les acteurs de la filière alimentaire profitent de la situation pour développer leurs marges. Le Ministre de l'Economie Bruno Le Maire a enjoint les entreprises à réviser leurs tarifs dès à présent pour tenter de contrer une situation qui devient chaque jour plus critique, avec des milliers de Français confrontés à la précarité alimentaire.
Un nouveau round de négociations commerciales pourrait ainsi s'ouvrir dans les prochaines semaines, sous la pression des distributeurs. L'objectif serait d'obtenir des conditions plus favorables que celles signées récemment, avec en ligne de mire les multinationales accusées de manquer de transparence dans la construction de leurs prix.
Le pain n'est pas épargné par les questionnements des consommateurs, étant de plus un produit de première nécessité et particulièrement emblématique des courses alimentaires "C'est une baguette traditionnelle qui avant, on l'avait à un euro et maintenant, on l'a à un euro et dix centimes. Ce n'est quand même pas normal que ça baisse en haut et que nous, on n'en profite pas." déclarait en fin de semaine dernière une consommatrice au micro de France 2. Cela fait écho à la baisse des cours du blé : la céréale se négocie à moins de 250 euros la tonne, alors que son prix atteignait 440 euros au printemps 2022.
Des cours plus bas, mais des farines toujours coûteuses
Avec près de 40% de baisse, il pourrait sembler naturel que les produits incorporant du blé voient leurs prix reculer, avec la farine au premier rang. Il n'en est rien : les meuniers ont été contraints de réaliser des hausses de prix successives, liées aux prix de l'énergie, des carburants ou encore à l'évolution de leur masse salariale. De plus, en fonction de la couverture de leurs besoins en grains, les différents acteurs du marché ne bénéficient que partiellement de ces baisses, de par des engagements pris à une période où les cours étaient plus hauts. Dès lors, le prix du quintal de farine ne devrait pas reculer à court terme.
Transparence et pédagogie pour expliquer l'impossibilité de baisser les prix en boulangerie
Si le coût matière n'est pas l'élément principal composant le prix du pain, les autres postes ont été grandement impactés par la conjoncture. Comme en meunerie, l'énergie est devenue un poste de coût majeur. Les salaires ont également évolué dans les entreprises artisanales afin de fidéliser les profils qualifiés. De plus, les autres ingrédients utilisés en boulangerie-pâtisserie ont connu des hausses liées à divers facteurs : explosion du prix du beurre en raison de la sécheresse et de la plus faible production laitière, mouvement similaire du côté des oeufs pour cause de grippe aviaire, sucre, sel, levure... les piliers des recettes gourmandes sont grandement ébranlés.
Tous ces éléments doivent faire l'objet d'une communication claire et transparente auprès de la clientèle afin d'expliquer l'impossibilité de baisser les prix en boulangerie artisanale, et ce afin de maintenir la viabilité du commerce de proximité. La situation actuelle, où le cours de certains produits est en train de baisser, permet d'éviter l'horizon d'une baguette de pain à plus de 1,50€, un niveau de prix largement rejeté par la population française. Il doit également être rappelé que l'inflation en boulangerie est demeurée plus faible que dans le reste du secteur alimentaire, atteignant, pour le pain, seulement 10% sur un an, alors que les autres produits ont dépassé les 15%.