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ECONOMIE

Face à l'inflation, ils baissent le prix de leur pain

Publié le 20/02/2023 |

Comment et pourquoi baisser les prix alors que les charges augmentent, poussées par la hausse des matières premières, de l'énergie ou encore de la masse salariale ? Plusieurs boulangers répondent à la question à leur façon : ils ont fait le choix de s'engager dans ce mouvement par solidarité avec leur clientèle et pour préserver le caractère accessible du pain. Même s'ils rognent sur leurs marges, ils espèrent fidéliser et ainsi pérenniser leur activité.

Une miche à 4,50€/kg à la Ferme d'Orvilliers

A Broué (28), les frères Benjamin et Adrien Pelletier, accompagnés de leur associée Hélène Chaudy, animent le village avec leur boutique installée dans l'ancien bureau de poste. Début février, ils ont fait le choix de passer le prix de leur généreuse miche de campagne, façonnée en pièces de 3kg, de 5,50 à 4,50€/kg jusqu'au 30 avril 2023.
Malgré l'autosuffisance de la ferme sur la plupart de ses productions, la Ferme d'Orvilliers a néanmoins du appliquer une hausse de 2% sur le reste de ses références, en raison notamment de la hausse des prix observée sur les granulés de bois qui servent de combustible pour le four à pain.
Proposer un pain encore plus accessible dans un contexte d'inflation, c'est tenter de garder du lien avec une clientèle qui avait amorcé une modification de ses arbitrages de consommation : en décembre et janvier, l'entreprise avait perdu 6% de chiffre d'affaires comparativement à l'an passé. Un résultat à nuancer compte tenu des difficultés bien plus fortes connues dans les réseaux de distribution Bio, et qui témoigné malgré tout de la fidélité des consommateurs vis à vis des paysans et approvisionnements en circuit-court. L'initiative des trois associés a été renforcée par le soutien des partenaires dont les productions sont proposées à la vente dans la boutique de Broué : pommes de terre, oignon, boeuf, poulet, fromages... autant de produits qui sont affichés à des prix serrés, en attendant le printemps et une éventuelle accalmie du côté de la dépense énergétique des ménages, leur accordant plus de budget pour l'alimentation.


"Ici on a beaucoup de blé, mais pas un radis", le site internet de Panade est en phase avec l'actualité... et l'univers décalé de son fondateur Merouan Bounekraf

La baguette de Tradition à 1€ signée Panade

En plein coeur de la capitale, le chef cuisinier-pâtissier Merouan Bounekraf, rendu célèbre par ses passages télévisés (Top Chef saison 10, Mon gâteau est le meilleur de France...), a souhaité s'inscrire dans la même logique en passant le prix de sa baguette de Tradition à 1€. De quoi inciter plus de clients à passer la porte de sa boulangerie-pâtisserie baptisée Panade, installée depuis la fin de l'année 2021 au 35 rue Violet (Paris 15è). La décision "prise après une concertation avec lui-même" contribue à améliorer l'accessibilité de l'enseigne, dont le positionnement haut de gamme pouvait repousser une clientèle sensible à son pouvoir d'achat.

Prix bloqués et tarif de conscience, l'Ecopain d'abord associe Bio et solidarité

Dans le Sud de la France, la boulangerie montpelléraine L'Écopain d'abord a misé quant à elle sur deux choix afin de témoigner de sa volonté de proposer des produits accessibles à tous. Le prix de l'offre de pains, tous réalisés à partir de levain naturel et de farines issues de l'Agriculture Biologique, n'a pas augmenté malgré l'inflation. Seuls les produits dits de "plaisir" ont vu leur tarification évoluer, dans des proportions limitées grâce à des approvisionnements en circuits-courts. La démarche de l'entreprise se prolonge par la mise en vente, deux fois par semaine, des produits au sein de l'Esperluette, une épicerie solidaire située dans le quartier de Celleneuve. Pratiquant une méthode de vente sans vendeur, chaque client de la structure est invité à déposer lui-même le prix de sa commande dans la caisse. Les invendus de l'Ecopain d'abord sont proposés, quant à eux, à un tarif dit "de conscience" : chacun va déposer la somme qu'il souhaite, en fonction de ses moyens et de la valeur estimée du produit.

Trois exemples et trois situations où les artisans boulangers ont pleinement compris l'importance de préserver leur image-prix pour ne pas se couper du contact quotidien avec la clientèle, entretenu grâce au pain. Sans ces efforts, le risque serait alors pour la filière artisanale d'être considérée comme chère et inaccessible pour de nombreux consommateurs.