CONSOMMATION
Des Fêtes sous inflation : la consommation chez les artisans pourrait encore reculer
Malgré le ralentissement de l'inflation, les projets des Français pour les Fêtes de fin d'année évoluent sous contrainte. Un récent sondage réalisé par YouGov pour le compte du magazine spécialité LSA révèle en effet que 54% des personnes interrogées consommeront différemment, soit 3% de plus que l'an passé. Cela concerne autant les cadeaux que les repas : ces derniers représentent en effet une bonne part des dépenses lors des événements festifs. Même s'il n'est pas question d'abandonner ces moments de convivialité, le budget qui leur sera dévolu se verra réduit. La Saint-Sylvestre, traditionnellement moins suivie que Noël, recule également plus vite dans les habitudes : 50% des Français continueront à la fêter, contre 58% un an plus tôt.
Le plus inquiétant pour la filière artisanale se trouve du côté des lieux d'achats et des sommes consacrées à la préparation des repas : non seulement un tiers des Français réduira son budget alimentaire (bien inférieur pour 10%, un peu inférieur pour 25%), mais les intentions d'achat au sein des commerce de proximité, parmi lesquels on compte les boulangers et pâtissiers, sont également affectées : elles chutent ainsi à 29%, en recul de 4 points. Un recul comparable à celui observé pour les hyper et supermarchés, malgré le fait qu'ils sont souvent considérés comme des remparts efficaces contre l'inflation. Le e-commerce poursuit, quant à lui, sa montée en puissance dans les habitudes et est le seul canal à bénéficier d'une augmentation des intentions d'achat, atteignant 11% (+4 points).
Plus que jamais, les artisans seront contraints de mener un délicat travail d'équilibrisme entre la qualité globale de la prestation et son caractère accessible, tout en assumant des prix en phase avec le coût matière des fabrications et la singularité d'une offre fabriquée, pour l'essentiel, à la main. Si la communication était devenue, depuis plusieurs années, un élément d'attractivité (avec flyers, cartes de fêtes, publications sur les réseaux sociaux...) pour les produits de Fêtes, elle doit à présent muer en un outil de pédagogie et de transparence : le consommateur est en effet en quête d'une meilleure compréhension de la construction des prix, ainsi que des engagements pris par les entreprises quant à leurs approvisionnements, au respect des ressources naturelles ou encore des collaborateurs. L'attention portée à l'alimentation en cette période, et par la même occasion à l'artisanat, doit permettre de bâtir une vitrine efficace pour renforcer la fidélité des consommateurs.
Une opportunité pour mener des changements et se différencier
L'évolution des habitudes de consommation est également une opportunité à saisir pour se positionner sur le créneau de la production et de la consommation responsables : rationaliser le nombre de références et de formats (notamment sur les bûches de Noël, entremets et galettes des Rois) permet de simplifier le travail au laboratoire et de réduire le nombre de références de boitages. Cela permet également de sélectionner des références plus pointues pour composer les recettes : fruits de saison et d'origine locale, chocolats de pure origine... autant d'ingrédients susceptibles de donner une saveur singulière aux produits finis, renforçant ainsi la capacité de l'artisan à se différencier sur un marché extrèmement concurrentiel. S'orienter vers de nouvelles approches, en sélectionnant notamment des matières premières moins standardisées, demande néanmoins du savoir-faire et d'importantes capacités d'adaptation « Beaucoup de pâtissiers ont perdu la capacité de s’adapter à la matière première. Ils peuvent ainsi être désorientés face à des oeufs coquille ou à des crèmes non standardisées » témoignait récemment le chef pâtissier formateur Thierry Bridron, responsable de l'Ecole Valrhona Paris. Savoir-faire et faire-savoir seront donc les atouts indispensables du boulanger-pâtissier... pour les fêtes et bien au delà.