CONJONCTURE
Après le Pétrole, le Blé comme arme de guerre
L'énergie semblait être le terrain naturel d'affrontement dans le cadre du conflit ukrainien, de par la forte dépendance des états du monde au pétrôle ainsi qu'au gaz provenant des pays d'Europe de l'Est. Si les gouvernements peinent aujourd'hui à s'accorder sur la ligne à tenir au sujet de ces précieuses matières premières, il y en a une qui s'avère bien plus fondamentale et qui pourrait rapidement faire défaut : le Blé.
La hausse des cours observée ces trois derniers mois n'est en définitive que le premier chapitre de ce qui promet d'être une crise alimentaire de grande ampleur : le blocage des grains dans les silos et la réduction drastique des cultures, de 50% à 70% selon les estimations pour la prochaine récolte en Ukraine, dans ce qui est un des "greniers à blé" du monde s'ajoute à des difficultés dans d'autres régions. En effet, l'Inde ou encore la Chine doivent faire face à des conditions météorologiques dégradées -chaleurs en Inde, intempéries en Chine-, qui impactent lourdement leurs productions agricoles et les contraignent à réduire voire stopper leurs exportations de grains ou encore de sucre.
La France n'est pas épargnée, avec un épisode de chaleur et de sécheresse particulièrement remarqué, laissant craindre une récolte en berne à l'été. Le temps pluvieux de la semaine passée laisse cependant entrevoir des perspectives plus favorables.
Ces nouveaux épisodent laissent à craindre de nouvelles évolutions rapides sur les cours des céréales, avec un impact direct sur le quotidien de millions d'êtres humains : non seulement l'inflation promet d'être installée durablement, mais des mouvements bien plus importants et profonds sont à craindre, comme des migrations.
Le Kremlin tient ici un outil de guerre, qui dépasse bien les contours traditionnels d'un conflit traditionnel. Le Blé est un enjeu géopolitique majeur, qui pèsera lourd dans les décisions politiques des mois à venir.